Résumé: S'il est parvenu, non sans mal, à se débarrasser des douze travaux que lui avait imposés le roi de Mycènes, Eurystée, Herakles n en reste pas moins le jouet des divinités. Aussi, afin
de savoir ce que les dieux attendent vraiment de lui et pourquoi il refait sans cesse ce cauchemar qui le voit tuer sa femme et ses enfants, décide-t-il de consulter à nouveau la Pythie. Mais cette dernière lui refusant toute réponse à ses questions,
Herakles entre dans une colère noire, ce qui déclenche l intervention d Apollon...
P
our avoir accompli la prophétie de la Pythie, Alcide n’a rien gagné et, surtout, a tout perdu. Après avoir molesté l’oracle qui refusait de lui répondre, il est condamné par Zeus à trois ans de servitude auprès d’Omphale, la reine de Lydie. Celle-ci en fait son compagnon et le père de ses enfants, si bien que, lorsque la sanction prend fin, le demi-dieu souhaite continuer à profiter de cette quiétude. Mais la souveraine le persuade de revendiquer son droit à l’Olympe et, pour cela, d’agir comme l'un de ses habitants.
Les lecteurs qui sont parvenus jusqu’au troisième tome ne seront pas surpris par les choix graphiques de l’auteur. Ils y retrouveront toujours un parti-pris – osé mais pleinement réussi – de « coller » à l’iconographie antique, un découpage basé sur un petit nombre de cases présentées par pages ou encore une colorisation à dominante jaune et rouge conférant un aspect aride et sanguin. Ils constateront, en revanche, que le trait est de plus en plus maîtrisé, tout comme l’utilisation des couleurs pour exprimer les ambiances et les émotions. Les divinités, très présentes dans cette conclusion, sont toujours représentées en noir, sous une forme fantomatique bien loin des tableaux habituels. Cette option, accentuant l’écart entre ces entités et l’humanité d’Alcide, est une réussite. Car c’est bien de l’homme dont il est question dans cette dernière partie. Fini le héros écrasant tout sur son passage tel un gamin s'acquittant des corvées qu’il a reçu en punition.
La beauté de ce final consiste effectivement à mettre en lumière la malédiction de ce sang-mêlé ne trouvant sa place nulle part. Derrière la brute mal dégrossie, il y a quelqu’un de simple aspirant à une vie normale qui lui est refusée. Chaque moment d’apaisement et de petits bonheurs d’une vie de mortel est en effet systématiquement gâchés par les conséquences de ses carnages antérieurs, le rôle de surhomme que l’on veut lui faire jouer ou les complots des dieux. Ces derniers, bien loin de lui offrir la gloire divine promise pour l’exécution des travaux, ne cessent de le harceler et de s’opposer à lui. Pour trouver la paix, Alcide devra boire le calice jusqu’à la lie.
Les avis
Yovo
Le 06/12/2016 à 11:36:33
« Herakles » fait partie des (très) grandes œuvres dont on se demande après coup pourquoi elles ne jouissent pas de la renommée qu’elles mériteraient…
L’auteur a construit sa relecture du mythe autour de partis pris forts et assumés. Son Héraclès en est inoubliable ! Surhumain bien sûr, mais dont le corps titanesque ressemble plus à celui d’un bûcheron canadien que d’un marbre de Praxitèle ! Hirsute, nonchalant, râleur, impavide, il promène sa massue et sa peau de lion à travers la Grèce antique à la poursuite de son destin.
Pour autant, rien n’est pastiché, encore moins comique. Si l’on rit souvent, c’est que notre Hercule maîtrise l’art de la réplique comme celui de la boxe à main nue ! Mais l’horreur ou l’émotion peuvent aussi être au rendez-vous… Avec en filigrane des réflexions inspirées sur le pouvoir ou la solitude.
Par ailleurs, les personnages et le récit respectent point par point l’épopée antique et c’est ce qui contribue à faire la force de ces trois tomes. Le reste le doit à un travail graphique fabuleux, autant dans le trait que dans la mise en page et les couleurs.
On peut ne pas être sensible à ce style inventif et débridé mais tout lecteur objectif saluera la qualité et l’originalité d’un tel travail (+ 450 planches au total).
Je considère désormais Édouard Cour, que je ne connaissais pas avant la découverte d’«Herakles», comme un auteur incontournable.
Adam.B
Le 03/06/2015 à 09:36:22
Encore un superbe tome, de clôture cette fois, pour notre compagnon de quelques années : Heraklès.
Le dessin est toujours superbe, tous les points positifs des derniers tomes sont présents. Vraiment un très bon moment.
Scénaristiquement, tout est bien mené par l'auteur qui conduit notre héros grec tout le long de sa tragédie antique.
A lire !