Résumé: Une relecture du mythe d’Herakles, fils de Zeus
le roi des Dieux et de l’humaine Alcmène (fille
d’Amphitryon et d’Electryon, lui même fils
d’Andromède et de Persée, lui-même fils de Zeus
et de...).
Une version haute en couleur pour découvrir ou
redécouvrir l’histoire épique du plus célèbre des
demi-Dieux de l’antiquité grecque.
P
our Hérakles, plus que quatre épreuves et sa mission sera remplie. Il lui faut encore acquérir la ceinture d’or de la reine des Amazones, s’emparer du troupeau du colosse tricéphale, récolter les pommes d’or du jardin des Hespérides et capturer Cerbère, le chien de garde de l’Hadès. Bon, malgré quelques complications, tout cela ne devrait pas poser de problème et les dieux seront contents. Enfin, peut-être…
Le premier tome de l’œuvre d’Édouard Cour avait suscité plaisir et étonnement. Le second était donc attendu avec l’espoir de confirmer que le ressenti n’était pas lié au seul effet de surprise. La réponse est claire : la qualité est bien là et l’intérêt s’accroît. En revisitant le mythe, l’auteur a bien entendu choisi le fil rouge des douze travaux, tout en s'attachant à construire un être assez fruste et torturé, loin des canons du héros habituel. N’ayant plus que quatre défis à mettre en scène, il en profite pour étoffer un peu plus le personnage. Alcide ne va pas pouvoir utiliser son stratagème préféré – j’entre, je tape, je m’en retourne – (qui, plus tard, inspirera Obelix), il va lui falloir aussi réfléchir et faire preuve de subtilité. Et pour un gars qui pense que l’occident est à l’est, ce n’est pas obligatoirement gagné.
En tout état de cause, le portrait qui se dessine est celui d’un homme las et fatigué d’être le jouet de sa divine famille, qui aspire à refonder un foyer et faire quelques virées – y compris dans les tavernes – avec des bons amis amateurs d’explorations et d’exploits. Un tableau totalement à l’opposé de l’image d’un demi-dieu bagarreur. Par contre, à propos de coups et de représentation, la partie graphique est une nouvelle grosse baffe. Au jeu difficile des comparaisons, il semble que le trait soit encore plus maîtrisé. Quoiqu’il en soit, issu d’un bouillonnement d’influences, le dessin est tout en énergie et dynamisme, recherchant toujours les sensations et l’expressivité, bien loin du cliché réaliste coutumier du bellâtre musclé qui ressemble plus à un bodybuildeur qu’à un guerrier antique. La colorisation ne fait pas non plus dans le classicisme. Audacieuse et faisant fi du réalisme, elle s’attache à accompagner le sens de l’aventure, au plus près de l’atmosphère et des émotions.
Avec un rendu puissant et original qui demeure au service de la narration, une histoire à l’équilibre entre tragédie et comédie, Édouard Cour démontre un réel talent de conteur. L’annonce d’un troisième et dernier opus est une excellente nouvelle.