Résumé: Quelque part sur une île tropicale, un village indien s’éveille dans la douceur de l’aube. Mais l’enfer se déchaîne bientôt : un escadron de conquistadors a cerné les lieux, et massacre jusqu’au dernier tous les habitants, femmes et enfants compris. Toutes les apparences d’un crime gratuit, impardonnable. Mais peut-être la réalité est-elle plus complexe qu’il n’y paraît. Car ce n’est pas une « simple » guerre conventionnelle qui oppose les Espagnols aux indigènes, les indiens Syyanas. Un troisième belligérant parcourt le théâtre des opérations, frappant indistinctement dans les deux camps sans jamais faire de quartier : une maladie mortelle foudroyante, si effrayante qu’on s’est même refusé à la nommer
S
ur une île tropicale de l'océan Atlantique, au milieu du XVIIe siècle, un village s'éveille avec effroi, envahi par une troupe de conquistadors. Il n'y aura aucun survivant parmi les habitants. Hommes, femmes, enfants, tous seront décimés puis brûlés. Pour quel motif ? Apparemment un crime totalement gratuit, ni viol ni pillage n'étant à déplorer. Hutatsu et Dathcino, deux indigènes voisins, ne se posent pas de questions. C'est au contraire une aubaine pour eux de pouvoir passer après le massacre pour manger et boire à leur faim.
Helldorado s'ouvre sur un véritable enfer : sept planches muettes détaillant un massacre digne de l'holocauste. D'entrée, le ton est donné, Morvan et Dragan veulent rendre leur récit le plus réaliste possible, dans une époque pendant laquelle l'invasion du Nouveau monde par les Espagnols fut une véritable boucherie. Au-delà de ça, il est difficile de savoir où va nous mener cette intrigue qui ne fait pour l'instant que relater une période déjà maintes fois abordée. La surprise viendra sans doute de cette mystérieuse et dévastatrice épidémie faisant rage sur l'île, ainsi que du destin des deux indigènes. Difficile de juger pour le moment.
En fait, cet album est surtout une nouvelle occasion d'apprécier le graphisme du dessinateur argentin Ignacio Noé, que l'on avait découvert dans le premier volume des chroniques de Sillage. Si les visages sont un peu trop monotones et simplistes, les décors, la faune et la flore sont quant à eux admirables. La mise en couleur informatique joue aussi un rôle majeur : le plus souvent sobre et douce, plus vive quand c'est nécessaire pour mettre en avant certains détails, elle permet de créer une ambiance parfaitement adaptée à cette région tropicale. Et même si l'on n'égale pas les effets chaleureux de la couleur directe (voir par exemple Muchacho de Lepage), force est de reconnaître que le numérique permet définitivement d'obtenir des résultats surprenants aux nuances naturelles.
Prévu en trois tomes, Helldorado présente des qualités indéniables mais n'est pas encore complètement convaincant. Toutefois, le scénario montre des ingrédients laissant présager une suite plus captivante, de quoi assouvir les lecteurs déjà sous le charme des dessins.
Les avis
voltaire
Le 31/01/2008 à 13:50:20
Faire d'une île inconnue le symbole de la lutte entre indigènes et conquistadores est peut-être une bonne idée (on verra à l'usage). Choisir ce dessinateur (que je ne connaissais pas) est une idée géniale.
Quel talent, quelles nuances, quelle subtilités dans les couleurs.
Ce qui a gâté un peu mon plaisir est l'impression du 1 partout la balle au centre. Certes les Espagnols sont très méchants, voyez comme ils tuent et ils violent mais les pré-Colombiens ne sont pas meilleurs non plus voyez comme ils traitent leur peuple !
Même s'il est historiquement fondé, ce genre d'argument me met mal à l'aise. D'abord parce qu'il s'agit d'un abus de pouvoir et que dans ce domaine, les caciques indiens ne devaient pas être meilleurs -ni pires- que les seigneurs féodaux. Ensuite, à l'arrivée ce sont quand même les civilisations pré-colombiennes qui ont disparu.
Il me semble donc que l'acier de Tolède a fait plus de dégâts que le poignard d'obsidienne !
scalp
Le 24/05/2006 à 14:49:23
Je commence par le seul point negatif : la lecture est beaucoup trop rapide, on resort frustré. Niveau dessin c'est tout simplement magnifique, je suis fan :), niveau histoire on assiste à un affrontement violent entre 2 peuples sans pitié, et au milieu de tout sa ce trouve les 2 heros un peu perdu. Sympa, vivement la suite.
Tufrok
Le 12/04/2006 à 09:00:46
Etant un passioné des civilisations precolombiennes, j'attendais ce premier tome avec impatience, et je dois dire que je ne suis pas décu. Si la solidité historique est incritiquable dans le sens ou il s'agit belle est bien d'une fiction, et que toutes les libertés peuvent etre alors prises, le scenario est fluide et dépeint un tableau assez réaliste en revanche des rivalités internes entre les tribus avant le débarquement espagnol. Les auteurs ont eu le bon gout de ne pas tomber dans le manichéisme de base. Les deux centre du pouvoirs rivaux apparaissent autant detestable l'une que l'autre. Les vraies victimes étant dès lors plus les populations locales ( en référence au massacre des premières pages). La violence et la dureté du scenario impose toutefois un public averti, certaines scenes étént très dures psychologiquement. Le personnage principal est l'archétype meme de l'anti-héros déterminé et revanchard et provocateur, ce qui ce qui en dit long sur ce sentiment de mépris et d' humiliation ethnique que la population dominante a du exercer... (le second personnage n'apparaissant plus que pour souligner les défauts du premier, a mon avis). Il en dit toutefois peut etre trop peu sur la maladie, sur ce qu'en pense les matadores, sur le passé des personnages ( el capitan a l'air assez travaillé pour le peu qui en est dit). Ce qui ne peut laisser présager une suite sans interets ni rebondissements...
Le dessin est magnifique: les teintes servant a bien différencier les deux mondes (des espagnols au couleurs brunes et rouge, et des indiens aux couleurs vives), les décors tropicaux sont splendides, avec toutefois un vert de fond un peu trop vif pour certaines situations et quelques esquisses qui semblent inachevées. L'ensemble reste cependant très agréable a lire et intéréssant car le dépaysement est bien présent. Un tres bon premier album donc, a recommander aus fans de civilisations precolombiennes, ainsi que pour l'interet principal de ce premier tome: celui de casser les images toute faite de la colonisation espagnole qui reste évoquée par de multiples references ( débarquement, construction de villes). Attirant et attrayant. A suivre....