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- La chronique
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Par Y. Tilleuil
J
ohn Constantine erre dans les rues d’une ville de Londres qu’il ne reconnaît pas. Il n’a d’ailleurs plus aucun souvenir et a oublié jusqu'à son propre nom. Perdu dans un monde cauchemardesque, le chasseur de démons est transformé en proie sans mémoire et sans pouvoirs. Dos au mur, pourchassé par une fillette armée d'une paire de ciseaux et d’un tueur psychopathe capable de lire les pires secrets de ses victimes, il rencontre un démon qui lui propose un pacte. De quoi sauver sa peau ? Rien n’est moins sûr.
Poursuivant le run de Mike Carey, entamé lors du deuxième tome de la série et renouant avec les racines britanniques de ce personnage créé par Alan Moore dans les pages de Saga of the Swamp Thing, Chemin de Croix reprend les épisodes US Hellblazer #194 à #199. Faisant suite au récent combat entre le Bien et le Mal, mené par John Constantine en compagnie de quelques confrères magiciens, de ses proches (sa nièce Gemma, Chase et son amie Angie Spatchcock) et même du Swamp Thing, ce récit démarre dans une ambiance post-apocalyptique.
Juste après avoir laissé son héros en sauveur de l’humanité, le scénariste originaire de Liverpool l’abandonne sans défense. Dépouillé de sa propre identité, à la merci d’ennemis qu’il ne reconnaît pas, le détective du surnaturel est complètement démuni. Le lecteur ne retrouve donc plus cet homme rusé, habitué à déjouer les plans machiavéliques de créatures démoniaques avec une certaine aisance, mais un être extrêmement vulnérable, complètement livré à lui-même au sein d’un univers rempli d’horreurs. Totalement amnésique, John remet en question la moralité de chacun de ses actes et ira même jusqu’à hésiter à redevenir l’antihéros au trench-coat dont il entrevoit le passé par bribes. L’auteur ne dénature cependant pas son personnage, lui conférant toujours ce mélange d’insolence, de cynisme et de d’humour face à l’adversité.
Balloté entre différentes menaces, le personnage principal a toutefois du mal à sortir son épingle du jeu. Ses adversaires sont pourtant bien typés, à l’image de ce maniaque qui torture ses victimes jusqu’à leur dernier souffle, même si leur nombre ne permet pas d’exploiter pleinement le potentiel de chacun d’entre eux. Sanglant, sombre et d'une extrême violence, ce récit est réservé à un public averti.
Derrière les superbes couvertures signées Tim Bradstreet, les différents dessinateurs (Léonardo Manco, Chris Brunner et Marcelo Frusin) dépeignent un univers étrange et glauque, mêlant créatures surnaturelles et ambiance crépusculaire. Livrant à nouveau de l’excellent travail en fin d’album, dans un style toujours aussi sombre, le dessinateur attitré de Mike Carey sur ce cycle passera néanmoins définitivement le flambeau à son compatriote après le prochain épisode, qui verra Hellblazer souffler ses deux cent bougies (ou cigarettes, à en juger par la prochaine couverture).
Chemin de Croix plonge son héros dans les profondeurs des Ténèbres, là où le fan d’horreur occulte aime s’aventurer.
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