Info édition : Contient Helen of Wyndhorn (2024) #1-6. Couverture avec vernis sélectif. Galerie de couvertures en fin d'album (8 pages).
Résumé: Après la mort tragique de son père C.K. Cole, un célèbre écrivain de pulps, Helen doit aller vivre dans l’immense propriété de son grand-père, Wyndhorn House. Marquée par cette disparition, la jeune femme perdue et rebelle est projetée dans un monde nouveau. Elle ne le sait pas encore, mais bientôt son existence tout entière va être bouleversée… Un soir, près du bois, elle est attaquée avec sa gouvernante par une créature maléfique qui semble tout droit sortie d’un roman de fantasy ! Brandissant une hache, son grand-père arrive juste à temps pour les sauver. Mais cet accident n’a rien d’anodin. Peu à peu Helen, va se rendre compte qu’à l’extérieur des murs vivent des créatures légendaires semblables à celles qui peuplaient autrefois les récits de son père. Comment est-ce possible ? Commence alors un fabuleux voyage initiatique en compagnie de son grand-père, qui va lui révéler un univers différent de ce qu’elle a connu jusqu’ici.
H
elen est une adolescente comme il faut. Fille de C. K. Cole, un écrivain raté et dépressif, elle partage avec lui son penchant pour les boissons alcoolisées et son mépris affiché pour les conventions. À la suite du suicide de son géniteur, elle est prise en charge par son grand-père, le riche propriétaire de WyndHorn House. L’éducation d’Helen est alors confiée à Lilith Appleton, sa préceptrice, et à Joseph, l'énigmatique majordome du domaine. Mais le manoir familial cache, dans sa forêt, un monde de Fantasy, celui-là même que son père décrivait dans ses pulps à dix cents. Sous la férule de son aïeul, la jeune fille entame alors un parcours initiatique qui fera d'elle Helen de Wyndhorn, digne héritière du légendaire Othan le Conquérant…
Paru de ce côté-ci de l’Atlantique en ce premier octobre chez Glénat, Helen of Wyndhorn regroupe en un one-shot, une mini-série de six issues sortie chez Dark Horse Comics entre mars et septembre 2024. Et pour bien poser les choses, disons que cet album scénarisé par Tom King est dessiné par Bilquis Evely et colorisé par Matheus Lopes… le même trio qui avait œuvré sur le très remarqué Supergirl : Woman of Tomorrow.
Dans un genre où les envolées épiques et les propos convenus sont légion, Tom King privilégie ici un récit réflexif, porté par les questionnements existentiels de son héroïne et les démonstrations de force d'un grand-père aux allures de Conan le Barbare ! En confiant la narration à des tiers, le scénariste nord-américain opte pour une forme de distanciation vis-à-vis des principaux protagonistes, ce qui lui permet d'interroger la figure du héros, la création identitaire, le poids des secrets de famille ou l'(ir)réalité des mondes de la Fantasy. Ainsi, Tom King crée un univers complexe qui nécessite une partition graphique à la hauteur. D'un point de vue formel, le travail de Bilquis Evely est remarquable : tout en puissance et en finesse, il fait parfaitement contrepoids à un scénario qui allie démesure et introspection. Ajoutez à cela des planches de transition évoquant l'exubérance de l'Art nouveau, une mise en page qui anticipe et accompagne les montées en tension ou en rythme, ainsi qu'une colorisation parfaite de Matheus Lopes (même si une version N&B est prévue !), et vous obtiendrez un album qui satisfera les lecteurs les plus exigeants. Seule ombre au tableau : une fin trop abrupte, qui aurait pu donner lieu à une seconde saison…
Helen of Wyndhorn est de ces albums à l'esthétique sophistiquée et au récit inspiré qui marquera cette rentrée.