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ead Lopper - mais appelez-le Norgal - manie l'épée et tranche des têtes avec autant de hargne et de dextérité qu'il impose la peur et le respect à ceux qui le croisent. Et ça tombe bien, parce que ce qui l'attend à Castelbay, sur l'île de Barra, pourrait bien lui causer quelques maux de tête : serpent de mer gigantesque, loups géants, intendant louche, abbé revanchard, monstres en tous genres etc... Heureusement, il pourra compter sur son «acolyte» Agatha, la tête de la sorcière bleue, toujours un mot aimable et de bon conseil. Vous n'avez rien compris ? C'est normal mais embarquez tout va s’éclaircir.
Une nouvelle (courte) série éditée par Image Comics débarque sur les étals des libraires grâce à Ankama. Premier opus d'un diptyque, L'île est tout a fait dépaysant.
Graphiquement, ce titre n'est pas sans rappeler La cité des chiens paru chez Akileos. Même trait «mignolesque», même univers de «dark fantasy» (des marais, des créatures étranges et de vraies gueules de méchants). Mais la comparaison s'arrête là. Andrew Maclean, dont cette œuvre est la première publiée en France, impose son style tant dans l'écriture que dans le dessin ou encore le découpage. Dès l'ouverture, l'auteur prend un malin plaisir à plonger ses lecteurs au beau milieu de l'action sans véritablement leur fournir les clés de compréhension. Ils seront perdus ? Peut-être, mais le ton est si intrigant qu'il sera difficile de ne pas aller plus loin. En effet, le dynamisme de la narration est tel que les quatre chapitres se lisent d'une traite, au point même de rester un peu sur sa faim au terme de la centaine de planches. Les scènes de combats, nombreuses, contribuent grandement à cette sensation d'urgence, même si la lisibilité n'est pas toujours au rendez-vous. Comme en plus, l'humour ne manque pas, la lecture devient grisante. Le duo du héros et son faire-valoir fonctionne à plein régime sur le thème du classique «je t'aime - moi non plus». En plus de rajouter du cynisme et du second degré, cela ouvre la porte à de multiples interrogations : qu'est-ce qui lie les deux protagonistes ? Pourquoi Norgal garde-t-il cette affreuse tête (beaucoup) trop bavarde ? Comment en est-il arrivé à décapiter la sorcière ? Par quel sortilège est-elle toujours «vivante» et qu'attend-elle ?
En attendant la suite et fin pour obtenir des réponses à ces questions, aucune raison de ne pas se lancer : décalé et original, dans son ton comme dans sa forme (mention spéciale aux belles couleurs passées de Michael Spicer !), Head Lopper est un pur divertissement.