Info édition : Mention "Première édition". Avec un dossier de 7 pages en fin d'album.
Résumé: Cuba, 1958. La revolución tonne. El Presidente General Batista qualifie tout ça « d'événements » auprès de ses amis américains - rien de grave, à peine quelques barbus dans la jungle - pendant que Lily débarque pour quelques jours de vacances avant d'entrer à l'université.
Elle y retrouve son père, détective fauché et accro au jeu notoire. Enfin retrouve... aperçoit. Car il vient de s'endetter auprès du boss des paris sportifs de l'île, Don Alfonso ! Ce dernier lui propose un marché : si elle kidnappe la maîtresse de son rival, l'ardoise est effacée et son père lui revient vivant et pas trop amoché. Deal ? Deal ! Aidée de John, un ex de la CIA, et José, homme à tout faire aux mains baladeuses et à l'éthique douteuse, elle va s'embarquer dans une opération muy facil à en croire Alfonso. Enfin jusqu'à ce que la CIA, la mafia locale, et la Muerte s'invitent !
Frédéric Brémaud et Vic Macioci composent un univers de polar cubain à la fois truculent et très élégant, où l'humour parvient à cohabiter gracieusement avec une intrigue tendue, portée par des personnages hauts en couleur. Bienvenidos a La Habana !
R
evoir son vieux père pendant les vacances, quoi de plus banal ? Sauf si c’est à Cuba, en avril 1958 !
Cuba ! Son Tropicana Club, ses vieilles américaines, son rhum et ses cigares, ses passages à tabac et sa révolution… Un mélange subtil offrant un cadre rêvé pour qui saurait, sous couvert de légèreté, montrer quelques facettes peu reluisantes de ce joyau des Caraïbes. Pour l’heure, c’est ce que fait Frédéric Brrémaud, qui, fort de son expérience en la matière, concocte ici un album où évoluent des personnages hauts en couleur, sur un pitch aussi savoureux qu’efficace.
Havana Split est un exemple d’écriture resserrée qui laisse de côté les fioritures pour aller à l’essentiel, aidé en cela par un humour cynique et pince-sans-rire qui joue sur le registre de la tragicomédie. En s’appuyant sur une trame historique propice à de nombreuses digressions, Frédéric Brrémaud raconte des retrouvailles familiales particulièrement contrariées par les barbouzeries locales et les règlements de comptes d’une bande de Pieds nickelés de service aussi bêtes que méchants. L’ensemble pourrait être cruellement caricatural s’il n’était graphiquement maitrisé par Vittoria Macioci qui, grâce à l’esthétique et la dynamique de ses planches, fruits (très probable) de son enseignement au sein du département Character Design de l’Idea Academy de Rome, trouve ici un juste équilibre grâce à la distanciation qu’elle induit entre les protagonistes et le dramatique des situations.
Doté d’un graphisme coloré des plus expressifs, Bienvenue à Cuba ouvre le bal de belle manière… Reste à savoir comment tout cela finira… dans un bain de sang ou dans les effluves de daïquiri, le tout au son de Sonora Matancera ?