Info édition : Contient Harrow County (2015) #1-4.
17 pages de bonus (13 de sketchbook annoté par les auteurs + 4 d'illustrations)
Résumé: Dans la petite bourgade du sud des États-Unis de Harrow County, Emmy a toujours su au fond d’elle que les bois qui entourent sa maison étaient peuplés de fantômes, gobelins et autres zombies. Mais le jour de son dix-huitième anniversaire, elle va découvrir qu’elle est connectée à ce lieu, et aux monstres qu’il renferme, d’une façon qu’elle n’aurait jamais imaginée... Peu à peu, elle sent d’étranges pouvoirs naître en elle. Est-elle prête à affronter tous les mystères de Harrow County ?
« Ce n'est pas la fin... Pas de fin pour moi... Je reviendrai à nouveau... Soyez vigilants... Soyez prêts... Que ce soit pour vous soigner ou vous tuer... Je vous retrouverai tous ! »
C'est sur ces mots qu'Helen Bech disparût dans les flammes, laissant ébahis et hagards une partie des habitants d'Harrow County. Ils savaient tous que ce n'était qu'une histoire de temps avant qu'elle ne revienne...
Alors que The Sixth Gun touche à sa fin (terminée aux USA, il reste un tome à paraître chez nous), ses auteurs reviennent avec une nouvelle saga originale. Le western fantastique au lendemain de la Guerre de Sécession laisse place à la sorcellerie horrifique au milieu de fermes dans le Sud des États-Unis.
Cullen Bunn a concocté une série où l'effroi le partage au mystère et la terreur au surnaturel. S'il ouvre son album sur la promesse du retour de la sorcière, il installe avec ingéniosité l'action dix-huit ans après, avec pour conséquence de laisser planer au-dessus de ses protagonistes une menace diffuse mais permanente. Le lieu a également son importance : un village éloigné de tout, à l'orée des bois, qui conforte cette sensation de huis-clos. Un endroit où chacun se connaît, s'observe et s'épie, propice aux vieilles croyances et légendes aussi, le théâtre parfait pour y terrer des secrets inavouables.
À mesure que son héroïne, la jeune Emmy, prend conscience de ce qu'elle est et de ce qui l'attend, les questions se multiplient dans l'esprit du lecteur et la tension monte. Narrée avec talent, l'intrigue devient alors addictive à la manière des meilleurs films d'horreur où, malgré l'angoisse, l'envie de vite connaître la suite - ici tourner les pages - se fait grandissante. De plus, même si les spectres et fantômes sont bien présents, l'auteur évite l'avalanche d'hémoglobine, préférant évoquer plutôt que montrer. Il joue sur les ressorts insidieux de la peur, faisant sien le principe selon lequel ce qui se cache dans l'ombre est souvent plus flippant que la débauche de sang et de monstres. De même, chaque révélation, livrée au moment opportun, entretient le rythme du récit, ralentissant le tempo ou l'orientant de façon surprenante. C'est le cas lorsqu'il s'émancipe du schéma attendu réincarnation/vengeance et axe son propos sur la force de caractère de la jeune fille. Au prix d'une lutte intérieure bienvenue, elle va s'engager dans une voie de pardon et d'apaisement, qui, bien qu'ambigue, donne une direction inattendue à la trame. Les rebondissements sont ainsi nombreux, jusqu'à la dernière image, déroutante et pleine de promesses.
La prestation de Tyler Crook est au diapason : envoûtante ! Son trait caractéristique, relevé par un encrage léger mais précis, donne une ambiance spéciale à ce titre. Il retranscrit la forêt et son atmosphère mystérieuse et stressante avec une maestria remarquable. Mais sa performance ne se limite pas aux décors puisque l'expressivité de ses personnages comme les créatures peuplant les bois sont eux aussi très réussis. Grâce à un découpage dynamique et des cadrages judicieux, le dessinateur offre une immersion de tous les instants. Son travail sur la lisibilité y est pour beaucoup : par une composition très étudiée de chaque case (quitte à s'affranchir de la règle des 180 degrés par exemple) il rend la lecture claire et fluide et permet ainsi à ses dessins de délivrer l'effet souhaité. Il faut dire que sa mise en couleur - particulièrement soignée - y participe pleinement ; des aquarelles splendides pour les visages, les arbres et les décors et de la gouache pour les ombres et lumières. Le dessinateur de Petrograd se fait plaisir et nous avec !
Délicieusement effrayant, horriblement addictif, Harrow County rend dépendant dès les premières planches tant par son graphisme élégant que son suspense haletant. Un seul bémol : devoir attendre frénétiquement la dose suivante !
La preview
Les avis
kurdy1207
Le 17/08/2016 à 08:58:36
L'exigence morale de villageois leur fait sacrifier une sorcière par le feu. Celle-ci avant de mourir leur promet de revenir et de se venger. Voici un scénario qui peut paraître bien banal, mais néanmoins bien traité dans ce premier volume.
Le dessin n’est pas habituel, mais on s’y fait très vite et je trouve que les couleurs le subliment.
Je ne suis pas surpris que cette série ait été désignée meilleure série 2015.