Info édition : Librement adapté du roman de Marc Villard, Bird, aux éditions Joelle Losfeld.
Résumé: Ex-toxicomane et ancienne prostituée occasionnelle, Cécile travaille avec le Samu social, au plus près des sans-abri de Paris et des environs. Elle est à la recherche de son père, un musicien de jazz surnommé Bird qu’elle a longtemps cru mort.
Or celui-ci, d’après les rumeurs du milieu des SDF, vivrait dans la rue quelque part dans Paris.
Contre toute attente, Cécile va retrouver son père, mais dans des circonstances délicates.Bird a en effet été témoin, par hasard, d’un assassinat de SDF commis par un groupe de jeunes bourgeois – dont le fils d’un maire parisien en campagne pour sa réélection. Et le politicien vient de lancer un tueur vicieux, Steiner, sur les
traces du témoin gênant…
A
yant vécu des années de galère entre la drogue et la prostitution, Cécile a retrouvé un certain équilibre en travaillant pour le SAMU social. Ce choix de carrière n’est pas sans arrière-pensée, en effet, elle est à la recherche de son père, disparu depuis des lustres. Le meurtre gratuit d’un SDF les fera se retrouver, pour le meilleur ou pour le pire ?
La plongée dans le monde des SDF parisiens que propose Marc Villard est marquée par un réalisme tragique des plus effrayants. Happy Slapping est à classer dans la grande tradition du roman noir français. Au milieu de personnages aux espoirs perdus, de politiciens sans scrupule et autres flics pourris, seule une héroïne revenue de l’enfer semble être capable de surnager dans ce sombre théâtre de la vie moderne. Comme le veut le genre, le ton est direct, sans concession. Les différents protagonistes suivent leur chemin, encaissent les coups et, ayant épuisé leur maigre capital vital, finissent pas s’échouer dans le caniveau. Un récit noir comme une longue nuit d'hiver, mais pas misérabiliste pour autant, le scénariste évite judicieusement de tomber un voyeurisme gratuit pour offrir une histoire d'aujourd'hui, au delà des clichés de l'itinérance économique.
Jean-Philippe Peyraud, dessinateur connu pour des albums plus légers comme Premières chaleurs et Quand j’étais star (déjà avec Marc Villard), a dû effectuer un virage à cent quatre-vingts degrés pour aborder cette série noire. Pour réussir à retranscrire le réalisme exigé par ce scénario, il a drastiquement modifié son style. Le résultat est séduisant, même si une très forte influence de Blutch et, dans une moindre mesure, de Frederik Peeters se fait remarquer au fil des planches. Souvent le fait d'auteurs débutants, ce défaut est plus étonnant pour un artiste expérimenté comme Peyraud, au lecteur d'apprécier ces similitudes. La lecture n’en pâtit, heureusement, pas trop. Au-delà du trait, le dessinateur réalise un très bon travail. La mise en page est agréable et les personnages sont particulièrement bien croqués, qu’il s’agisse des gueules cassées de la rue ou de la jeunesse dorée des beaux quartiers.
Happy Slapping malgré un dessin trop référencé, est un bon polar noir. À conseiller aux amateurs du genre.
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Le site web de Marc Villard
Chronique de Quand j’était star par T. Pinet