Résumé: Une nouvelle femme fait son entrée dans la collection de bandes dessinées « Grands destins de femmes » : la philosophe, Hannah Arendt !
Adolescente rebelle, renvoyée du lycée, elle passe son abitur, l'équivalent du bac, en candidate libre. Elle suit ensuite les séminaires de Heidegger dont elle devient la jeune maîtresse, puis ceux de Karl Jaspers qui sera son mentor. Elle fume comme un sapeur, adore cuisinier, voir ses amis, discuter de philosophie, manger des cerises, nourrir la souris qui loge chez elle, marcher à grandes enjambées en récitant de la poésie.
Mais l'arrivée des nazis au pouvoir bouleverse sa vie.
Commence pour elle la vie d'errance des exilés. Paris tout d'abord, puis le camp de Gurs, où elle est internée en 1940, avant de s'enfuir à nouveau sur les routes, vers Montauban puis Marseille et enfin les Etats- Unis.
Les auteures nous invitent à suivre les pérégrinations de cette jeune femme aux yeux verts et à l'écriture illisible qui, jusqu'à la fin de sa vie, a fait crépiter sa machine à écrire, avec une seule obsession : se former elle-même, « dans l'idée de pouvoir toujours danser au service de la pensée », selon l'expression, au siècle dernier, de Søren Kierkegaard.
Pour produire de grands livres de philosophie politique, dont certains allaient provoquer des polémiques qui durent encore. Elle sera l'une des premières à analyser la pensée totalitaire, mettant en parallèle nazisme et communisme, à une époque où c'était inconcevable pour beaucoup.
Dans la collection grands destins de femmes, j'ai lu Coco Chanel et Virginia Woolf. A titre de comparaison, je peux dire que cet ouvrage me paraît le plus abouti. Il est vrai que je ne connaissais rien de la vie d'Hannah Arendt et que cela a donc été une petite découverte.
C'est une femme intelligente, indépendante et vivante qui a beaucoup voyagé et rencontré les principaux philosophes et écrivains de notre temps. Elle a dû fuir l'Allemagne nazie. Elle est d'ailleurs l'une des premières à avoir aussi bien analysé la pensée totalitaire en mettant par exemple en parallèle nazisme et communisme à une époque où la comparaison était inconcevable pour beaucoup. J'ai beaucoup apprécié ces diverses analyses comme le fait de déclarer que ne pas penser est certainement le plus dangereux.
Cet ouvrage est fort bien documenté et on ne s'ennuiera pas à cette lecture. Sur la forme, cela manque un peu d'aération graphique avec des cases bien trop petites et chargées. Sur le fond, il est passionnant de découvrir le destin d'une femme aussi controversée.