L
ors d’une mission, Hana Attori, jeune apprentie ninja de l’école de Iga, et son ami Goro découvrent deux de leurs instructeurs assassinés. Témoins gênants, ils sont aussitôt pris en chasse par de puissants combattants : Chokki, l’indienne qui commande aux squelettes, et Banken, l’étrange homme-chien toujours accompagné de sa meute. Derrière ces meurtres, il y a le terrible Oda Nobunaga dont les troupes occupent tout le Japon. A l'exception, bien sûr, du village de Iga. Avec l’aide de Goro, de Fumio l’artificier et du sorcier peureux, Shifu, Hana compte renverser le tyran qui a tué les siens quand elle était bébé. Pour cela, elle doit d’abord vaincre ses sbires. A commencer par Chokki et « paume de fer ».
Décidément, la vague nippone fait recette et les jeunes auteurs bercés d’animés et de mangas semblent prendre toujours plus de plaisir à planter leurs décors dans ce Japon si attirant et tellement à la mode. C’est le cas de Tony Valente (Les Quatre Princes de Ganahan) qui scénarise et dessine ce premier tome de Hana Attori. Mais ce n’est pas parce qu’on est fan du Pays du Soleil Levant qu’on réussit forcément à faire prendre la sauce et à créer un album sortant du lot.
Dans ce premier volet, les amateurs de shonen ne s’étonneront pas de voir mentionné, dans le rôle du grand méchant, le fameux Oda Nobunaga, figure emblématique du Japon médiéval, qui apparaît fréquemment dans les productions de l’Archipel. Ils retrouveront sûrement avec délectation l’atmosphère propre aux histoires mettant en scène ces mystérieux professionnels des arts martiaux que sont les ninjas. Et c’est avec l’œil du connaisseur qu’ils suivront le rythme effréné de l’intrigue. Cependant, les ingrédients habituels des récits mêlant allègrement combats et aventures ne suffisent pas à conquérir complètement le lecteur. La rapidité de l’action et le côté comique pallient en effet mal à la minceur de l’intrigue et au sentiment de déjà-vu de cette quête vengeresse. Heureusement les personnages s’avèrent sympathiques, attachants et plein d’allant. Par ailleurs, l’humour omniprésent, bon enfant, confère le piquant permettant de ne pas s’ennuyer. Petits et gros clins d’œil se succèdent tant dans le texte que dans le dessin. Ainsi, le titre, tout comme la référence à un certain village d’irréductibles résistant encore et toujours à l’envahisseur, sont parfaitement assumés par l’auteur. Directement dans la veine du manga, le graphisme de Tony Valente reprend les stéréotypes du genre, tant dans les attitudes que dans la tendance à souligner à l’extrême les expressions. Certains plans détaillés, comme ces plats de sushi, de ramen et autres délices gustatifs japonais, ne manquent pas de faire plonger avec plaisir dans une ambiance plutôt bien recréée.
Irréductibles ninjas laisse une impression mitigée. L’album n’offre que peu d’originalité mais le ton et le dynamisme de l’ensemble lui évitent d’être poussif. Sans doute, les adolescents nourris de Naruto ou autres séries du genre et qui n’en sont pas encore blasés y trouveront-ils leur compte. Les autres y seront bien moins sensibles.