Résumé: « Oyez oyez l'invraisemblable histoire des enfants d'Hamelin qui rendirent un jour leurs parents orphelins… » Hamelin, un village allemand, au XIIIe siècle. Sur la place publique, les villageois se désespèrent auprès de leur bourgmestre : les rats prennent tellement leurs aises qu'ils ont été jusquà tuer un homme ! Le bourgmestre finit par faire appel à un étrange dératiseur. Cet étranger inquiétant entreprend de charmer les rats avec sa flûte, de les mener hors de la ville et de les noyer dans la rivière. La ville est enfin débarrassée des rats ! Seulement les habitants ingrats refusent de payer leur sauveur. Celui-ci décide alors de se venger en s'occupant des enfants du village comme il s'est occupé des rongeurs De son trait hyperréaliste et proche de la gravure, évoquant les plus belles uvres de François Bourgeon, André Houot s'approprie une légende aussi cruelle que célèbre qui fut contée par les frères Grimm, mettant en scène un Moyen-âge victime de sa crasse et de ses superstitions.
H
amelin ! Un nom puissamment évocateur, car rarement un lieu aura été aussi indissociable de la légende qui lui est attachée, que cette ville du nord de l’Allemagne. Der Rattenfänger, le charmeur de rats qui débarrasse la ville de l’invasion des rongeurs au son enchanté de sa flute, et qui, moqué et chassé de la cité en guise de paiement par les notables, revient se venger en ensorcelant les enfants et en les perdant dans les collines environnantes.
Avéré dès le XIVème siècle, puis s’enrichissant au fil des versions et des adaptations, ce conte universel fut notamment popularisé par le poète Robert Browning et par les frères Grimm. Point commun de toutes ces variantes : seuls deux enfants survivent à l’envoûtement, à cause de - grâce à ? - leur infirmité. Tantôt aveugle, tantôt boiteux, parfois muet, cette constante se retrouve dans l’album d’André Houot. Avec une différence notable toutefois : l’auteur choisit de mettre en scène, en plus du jeune garçon invalide qui sert de fil rouge au récit, une - charmante au demeurant – jeune fille, qui se retrouve ainsi au cœur de l’intrigue. Ou plutôt des intrigues, car à la trame principale se mêle une histoire parallèle faite d’amourettes adolescentes, de cabale malveillante, d’accusation de sorcellerie, toutes péripéties coutumières des contes et légendes.
Mais qu’on ne s’y trompe pas, le vrai héros de cet album, comme le proclame le titre, c’est le bourg lui-même : Hamelin. Avec une précision encyclopédique, Houot a bâti une cité médiévale idéale, archétypale, déclinant avec force détails bâtiments et demeures, maisons à colombages, piliers ouvrés, sculptures de grotesques, gargouilles, fortifications… Ce vaste manuel vivant d’une architecture gothique naissante est sans conteste la plus belle réussite de cet ouvrage. Autre réussite, indéniable, la populace animant ce somptueux décor. S’ouvrant par une citation du célèbre tableau du joueur de vièle de Georges de la Tour, les vignettes s’emplissent d’une foule de personnages pittoresques, bien croqués d’un trait rappelant irrémédiablement le Bourgeon des compagnons du crépuscule.
Si le scénario se révèle sans grande surprise, la précision du dessin, la belle mise en couleur, la qualité du rendu de l’époque médiévale et, surtout, la somptuosité des édifices moyenâgeux, font de cette lecture un plaisir pour les yeux.
Les avis
Erik67
Le 23/11/2020 à 11:46:47
Sur le coup, Hamelin n’évoquera pas grand-chose. Cependant, on se souvient tous de ce joueur de flûte qui parvient à chasser les rats qui avaient infestés une ville au rythme d’un air endiablé. Hamelin est le nom du bourg en question dont les notables font appel à ce musicien hors pair. D’ailleurs, la couverture ne laissera plus de place au doute.
Les personnages ne seront pas franchement de toute beauté graphiquement parlant. Les trognes font un peu peur. Les décors manquent de précision. La couleur semble terne. Il y a également un mauvais choix sur la calligraphie utilisée même si elle se voulait être proche d’un style moyenâgeux. Le classicisme dans la mise en page sera de mise alors que l’époque n’est plus à une telle présentation. Bref, on a l’impression de faire un bond au moins 20 ans en arrière.
Pour autant, cela se lit avec une certaine fluidité. Il faut juste savoir qu’il n’y aura pas d’effet de surprise. Par ailleurs, au niveau du scénario, la machine va véritablement se gripper à mi-parcours et il restera des interrogations qui auraient dû être dissipées. Au final, une œuvre que l’on oubliera vite alors que le sujet aurait sans doute mérité plus d’originalité.
Hugui
Le 21/03/2012 à 20:50:37
Une BD de l'histoire très connue du joueur de flûte de Hamelin qui entraine les enfants derrière sa musique pour se venger de n'avoir pas été payé d'avoir débarrassé le village de ses rats.
Des dessins très fouillés et très précis rendent excellemment l'ambiance moyenâgeuse de récit (mais la comparaison avec Bourgeon ne me satisfait pas car c'est moins chaleureux) et l'histoire est très bien raconté et mise en scène, avec de très bons enchaînement qui maintiennent l'attention. Et le jeune couple de l'histoire adjacente est très attachant.
Une bonne lecture donc sans surprise, très(trop) classique. Mais une bonne manière de découvrir ce conte pour ceux qui ne le connaîtrait pas.