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ne terrible vague de peste s’est abattue sur le royaume de Cheironia. À Cylon, la capitale, Guin, le guerrier à tête de léopard, arpente la rue des Charmes afin d’en découvrir l’origine. Pris au piège des illusions tissées par les mages, il doit soudain affronter un redoutable monstre affamé surgi du néant et, ce faisant, sauve la vie de Valusa, pensionnaire d’un établissement de passe. Malheureusement, la toile magique l’empêche de regagner le monde réel et il ne doit d’en sortir qu’aux pouvoirs de la sorcière Thamia, prête à tout pour obtenir un jour le prix de la dette contractée. Guin se rend ensuite chez Yelissa, seul enchanteur capable de lui enseigner les causes du mal qui ronge le pays. Il apprend alors qu’il est à la fois le déclencheur du fléau et son remède, mais il devra pour cela renoncer à son trône et à son pouvoir…
Vaste cycle fleuve comportant quelques cent vingt romans signés Kaoru Kurimoto, Guin Saga est une œuvre phare d’heroic-fantasy au Japon et a connu diverses adaptations sous forme de bande dessinée. Alors que la prolifique auteure s’est éteinte en mai 2009, le label Milady des éditions Bragelonne publie la toute première de ces versions manga, suivant de près une autre transposition en images chez Asuka d’un univers des plus riches, que les aficionados peuvent également découvrir en livre de poche chez Fleuve Noir.
Le récit des Sept Mages débutent alors que le héros est déjà souverain de Cheironia, sans qu’il soit mentionné comment il y est parvenu, ni d’où il vient, ni encore moins, pourquoi il est affublé d’une tête de félin. Kazuaki Yanagisawa estimait probablement que l’histoire originelle suffisamment connue pour s’affranchir de toutes explications ou mise en perspective. Le lecteur néophyte découvre donc, sans plus d’apprêt, un seigneur aussi puissant que craint, dont l’autorité et le charisme sont présentés comme innés et efficaces au premier coup d’œil, mais qui tardent à faire impression. Le seule véritable coin de voile levé sur ce personnage principal concerne ses relations avec son épouse, dame Julia, qui ne semble guère satisfaite d’avoir un mufle à embrasser en guise de bouche et dont il est aisé de deviner qu’elle pourrait, par la suite, être un facteur de danger pour Guin.
Par ailleurs, l’intrigue en elle-même s’avère peu surprenante et n’innove pas vraiment. Elle se construit autour d’une quête somme toute très classique et l’ennui pointe rapidement son nez. D’autant plus que le long passage dans l’allée des Charmes s’avère peu percutant et même brouillon, bien que l’auteure ait tenté de ménager ses effets. Côté dessin, le graphisme de Kazuaki Yanagisawa, s’il possède incontestablement une certaine singularité, n’emballe pas vraiment. En effet, de grossières erreurs de proportions et autres approximations contrebalancent fâcheusement l’expressivité des visages, la créativité des illusions ainsi que la beauté de certaines planches pleine page.
Faute d'un scénario solide, ce premier volume de Guin Saga - Les Sept mages ne convainc pas. Si le public intrigué désire se plonger dans l'univers conçu par Kaoru Kurimoto, il commencera par autre chose.