Le 10/03/2025 à 07:25:02
Joe Sacco est connu dans le milieu de la BD reportage et d'investigation pour avoir soutenu la cause palestinienne à travers de nombreux ouvrages qui lui ont été consacré depuis les années 1990. Dès lors, on l'attendait sur le terrain du bombardement à Gaza suite au massacre du Hamas du 7 Octobre en Israël. Il dénonce dans cette BD une riposte qui n'a pas été proportionnelle. Je constate que certains aviseurs ont simplement vu cette BD comme manichéenne c'est à dire sans nuance alors qu'il met tout de suite les choses au point dès les premières lignes. Je me suis alors beaucoup interrogé même si je sais que ce sujet est très souvent épineux. Certes, il y a une accumulation de témoignages terribles des victimes palestiniennes mais sans se pencher sur les victimes israéliennes de cet ignoble attaque. D'autres diront qu'elles sont généralement plus médiatisées au point de recueillir l'empathie du public d'où un certain déséquilibre. Dans chaque pays, si une partie est attaquée, l'autre réplique avec force et détermination afin d'éradiquer une fois pour toute une menace. Encore faut-il que cette riposte soit proportionnée et ne se transforme pas en destruction totale, voir en éradication ce qui est contraire au droit international. Cependant, si on souhaite se débarrasser une fois pour toute d'un ennemi, on ne doit lui laisser aucune chance de se refaire. C'est la pensée israélienne du moment et elle peut se comprendre aisément au vu des circonstances pour le moins tragiques. Selon un dernier sondage, les israéliens considèrent que le nombre de victimes côté palestinien est justifié au vu des objectifs de guerre. Maintenant, ceci dit, personnellement, je suis pour la paix entre les peuples et ce, quelques soit le prix à payer. Cela implique sans doute beaucoup de sacrifices mais il s'agit de sauver des milliers d'existences et cela passe sans doute par des concessions territoriales. Cependant, il ne faudrait sans doute pas vider Gaza de tous ses habitants pour construire une sorte de Riviera du Moyen-Orient digne de la côte d'azur française avec des promoteurs américains et de préférence dans le giron des entreprises immobilières gérés par Donald Trump. C'est franchement une atteinte au droit international. Joe Sacco va mener une charge assez incroyable contre le président Biden responsable d'avoir encouragé un génocide à Gaza. Il sait néanmoins que le futur sera sombre avec Trump qui anéantira sans doute la démocratie. Au final, il lance un cri de désespoir pour raviver un courage politique et une responsabilité morale perdue. C'est profondément sombre. J'ai l'impression qu'une autre histoire du monde est en train de s'écrire et que cela n'ira pas forcément dans le bon sens. C'est une œuvre à parcourir pour prendre conscience et sans doute nourrir les débats. Moi, j'ai juste envie d'en finir avec cet interminable conflit. Mais bon, ce n'est pas gagné !Le 16/10/2024 à 14:23:59
l est très étonnant de lire ce court cri de rage du documentariste Joe Sacco quand on a touché à au moins l’un de ses très importants travaux. Symbole du journalisme rugueux, allant au fond des sujets avec une méthode et une rigueur qui ont fait sa légende, l’américain publie peu car son travail de terrain lui prend du temps. J’avais expérimenté Gaza 1956 et avait été autant impressionné par la méticulosité de son enquête que par des dessins qui peuvent rebuter. Ici (et pour la première fois je pense) son travail est tout autre puisque l’urgence exigeait de lui une expression qu’il reconnaît aussi vitale que futile devant le génocide en cours. Et c’est la première marque de ce fascicule que d’illustrer comme d’autres qui ont étudié l’horreur sur le long terme, comme certains journalistes de guerre ou humanitaires habitués aux abominations des zones de guerre, que les plus habitués à la barbarie humaine restent sans voix devant la fuite génocidaire du gouvernement et de l’armée israélienne à Gaza, et maintenant au Liban. Publié sur un site web avant d’être repris par son éditeur français historique (les droits vont intégralement à des associations d’aide à Gaza… achetez le!), Guerre à Gaza ne vise pas une démarche journalistique, survole la question (aujourd’hui très documentée) et semble autant le cri d’un américain voyant sa nation (autoproclamée « patrie de la Liberté ») sombrer que celui d’un homme effaré par le silence assourdissant de l’Occident alors que le peuple victime de l’Holocauste s’affaire sous nos yeux à régler la « question palestinienne » avec la méthode du Talion, en ce premier génocide du XXI° siècle. Sacco y reconnaît sa naïveté pacifiste devant l’intention assassine de l’Etat israélien… bien avant 2023. Ceux qui connaissent leur Histoire et ceux qui ont suivi les travaux de Sacco savent de quoi on parle. Mais l’auteur dénonce pèle-mêle la manipulation médiatique, le maccarthysme qui a lieu dans bon nombre de « démocraties », le storytelling des néo-fascistes réécrivant la réalité avec les mots qu’ils jugent vrais. Et le grand courage de Joe Sacco est d’assumer son propos sans crainte d’être marqué du sceau de l’infamie antisémite, activité quotidienne d’un système médiatico-politique dominé par le Capital. Guerre à Gaza est un maigre objet, un maigre cri, mais une urgence vitale pour son auteur tétanisé qui devrait rappeler à tous les humanistes que nous sommes nombreux et que c’est d’abord par le silence des démocrates que les assassins mènent leurs projets. Alors achetez Guerre à Gaza, offrez Guerre à Gaza. Et ne restez pas silencieux, comme disait Stephane Hessel, indignez-vous!Le 14/10/2024 à 22:28:11
Lecture indispensable pour qui veut comprendre les raisons lesquelles Netanyahu et son ministre des armées sont réclamés par le procureur de la Cour Pénale Internationale, un an après l'attaque du Hamas et le début du génocide israélien à Gaza.BDGest 2014 - Tous droits réservés