Résumé: C'est l'histoire d'un jeune garçon qui se rêve un avenir meilleur et quitte l'Arabie Saoudite pour étudier l'anglais et l'informatique au Pakistan. Deux mois après son arrivée, c'est le 11 septembre 2001. Au mauvais endroit au mauvais moment, le jeune adolescent est vendu par les services secrets pakistanais aux Américains, au prétexte qu'il appartiendrait à Al-Qaïda. C'est une descente aux enfers qui le mène à Guantanamo, au camp X-Ray puis au camp Delta, où il va vitre la routine des tortures, des interrogatoires incessants et vains. Une histoire vraie.
A
h ! Cuba, ses plages de sable fin, ses cigares odorants, ses bâtiments colorés, sa musique endiablée... et son camp, Guantanamo. Un Tchadien se retrouve en ses murs à l'âge de quatorze ans et n'en ressortira vraiment que huit années plus tard. Selon quel motif ? Quelqu'un peut-il réellement répondre ? Un indice : le onze septembre a déchiré le monde deux mois auparavant.
Après son livre Chroniques du Darfour, Jérôme Tubiana scénarise le témoignage de Mohammed El-Gorani, le plus jeune détenu du fameux centre de détention militaire de haute sécurité. Tout démarre comme une belle histoire : un garçon doué et travailleur cherche à faire des études pour avoir une vie décente et aider ses parents. Il quitte l'Arabie Saoudite, son pays d'accueil, pour suivre des cours d'anglais et d'informatique au Pakistan où les écoles sont ouvertes aux étrangers. Profondément religieux, c'est à la sortie d'une mosquée qu'il est embarqué manu militari par des soldats locaux, dans le but d'être vendu aux États-Unis. Et là, commence son calvaire.
Ce roman graphique relate la fois les conditions générales d'incarcération et celles d'un «combattant ennemi» en particulier. De manière chronologique, le lecteur assiste au quotidien de ces hommes, devant et derrière les barreaux. Ne quittant jamais le point de vue de Mohammed, le récit est forcément manichéen ; les Américains, à quelques exceptions, se révèlent butés, racistes et violents. L'évolution de l'adolescent est très bien retranscrite : d'abord naïf et impressionné, il ne cessera par la suite de lutter pour faire entendre ses droits et crier son innocence. Une ambiance kafkaïenne ressort de la lecture devant l'absurdité du comportement des geôliers et des têtes pensantes. Quelques passages s'avèrent certes un peu longs et répétitifs ; cependant, ils confortent l'image de ces terribles journées. Le combat de Mohammed rappelle celui d'autres écroués, par exemple les Irlandais de l'IRA qui ont usé des mêmes méthodes de protestation pour réclamer un traitement humain, dont chaque être doit bénéficier.
Franc Alexandre (Agatha, la vraie vie d'Agatha Christie) met son style naïf au service de ce récit brutal et sans concession. À cela s'ajoute le choix du noir et blanc, lequel renforce l'austérité des lieux et les oppositions tranchées.
L'Enfer existe toujours sur Terre. Personne ne pourra dire qu'il ne savait pas qu'une de ses succursales se situe à Guantanamo. À lire d'urgence, si vous doutiez encore que le pire côtoie le meilleur en chaque individu.
interview du scénariste : [url]http://www.9emeart.fr/post/news/franco-belge/guantanamo-kid-l-histoire-du-plus-jeune-detenu-de-guantanamo-bientot-en-bd-chez-dargaud-8331
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Les avis
MariannePut
Le 01/07/2018 à 12:09:13
Pour comprendre ce qu'est l'Injustice et l'Arbitraire, avec un I majuscule, un A majuscule et comprendre pourquoi et comment c'est possible, malgré tout, de survivre, avec des dessins sensibles et pudiques, il faut lire Guantanamo Kid, un roman graphique qui aurait résonné au coeur de Kafka.