Résumé: Une nouvelle édition du conte poétique et onirique de Maryse et Jean-François Charles. L'occasion de redécouvrir une facette inattendue de l'auteur de Fox, au gré de sublimes compositions où le foisonnement le dispute à la beauté du trait.Toutes les cent saisons, à la 21ème arche, se réunissent Roulants, Rampants, Pâlots, Taupiers et Grands bâtisseurs, pour célébrer la fête du Sagamore, leur guide spirituel, que le hasard s'en vient choisir ce jour-là. Dans un monde étrange constitué de villes édifiées à même les pics les plus escarpés, de ponts magnifiques construits pour les relier entre elles, et de castes vivant chacune à sa place et concourant toutes à un surprenant équilibre, la troupe de Xénophon se dirige elle aussi vers le lieu de pèlerinage ultime, les Grandes Cheminées. D'étape en étape souvenirs et légendes étonnantes ressurgiront, racontées au coin du feu. Approchez-vous. Vous êtes déjà du voyage... Sagamore Pilgrimageest un conte calme et merveilleux, une balade dans des contrées où la beauté des architectures explose à chaque page, au gré des compositions sublimes d'un des maîtres de la bande dessinée actuelle. Porté par des textes à la précision amoureuse et à la poésie mélancolique envoûtante, le dessin de Jean-François Charles atteint des sommets de beauté et d'émotion.
Deux choses frappent dans cette œuvre, et malgré quelques petits bémols, je n’hésite pas à la qualifier de chef-d’œuvre.
D’abord le graphisme. Quel niveau ! Chaque planche est un festival de détails, une vraie prouesse architecturale. L’auteur s’amuse avec des petits clins d’œil malicieux, et on se surprend à scruter chaque vignette pour découvrir ses nouvelles fantaisies. Franchement, c’est un vrai plaisir visuel. L’univers, avec ses peuples nichés en hauteur ou organisés dans les vallées, est un terrain de jeu parfait pour ce type de créativité graphique. On ressent à chaque page la passion et la précision derrière le dessin.
Ensuite, l’histoire. L’idée d’un déplacement annuel entre les communautés permet de découvrir l’architecture et la géographie de ce monde imaginaire de manière immersive. On se laisse porter par chaque planche, sans toujours savoir où cela nous mènera, mais c’est exactement ce qui rend la lecture addictive. Le seul petit bémol, c’est le final : sans spoiler, j’aurais aimé un message avec une dimension plus spirituelle, ou une allégorie sociologique identifiable. Franchement, si la conclusion avait eu un vrai impact, cette œuvre aurait carrément pu se glisser dans mon top 5.
Malgré cela, c’est un ouvrage qu’on doit absolument avoir sur ses étagères. Le talent graphique, la richesse de l’univers et la poésie de la narration en font une BD à part, un vrai bijou à savourer page après page.