Info édition : Dossier de 8 pages en fin d'album retraçant la biographie du peintre.
Résumé: En juillet 1816, la frégate française Méduse fait naufrage au large des côtes mauritaniennes. Pour préserver le confort du gouverneur et du capitaine à bord, les canots de sauvetage ne sont remplis qu'à moitié, si bien que l'essentiel de l'équipage doit quitter le navire à bord d'un radeau de fortune. Très vite, la promiscuité et le manque de vivre poussent les hommes à la sauvagerie... Les bonapartistes s'emparent de cette tragédie pour en faire le symbole de leur opposition au pouvoir royal. Le peintre Géricault s'apprête même à en faire le sujet principal de son prochain tableau...
Frank Giroud et Gilles Mezzomo nous plongent les secrets de la confection de l'un des tableaux les plus célèbres du monde. Ils en profitent pour nous montrer comment, dans l'Histoire, l'art a aussi pu servir d'outil politique.
F
rance, début du XIXe siècle. La Seconde Restauration ne fait pas que des heureux et nombreux sont les détracteurs de Louis XVIII. Entre modérés et ultra-royalistes, la guerre politique atteint son paroxysme et toutes les occasions sont bonnes pour pointer les incohérences des uns, comme les erreurs des autres. Aussi, lorsque la frégate La Méduse, censée rallier le Sénégal (fraîchement rétrocédé par les Britanniques), fait naufrage à cause de l'incompétence d'un proche du pouvoir, le peuple prend fait et cause pour les rescapés et la tension monte encore d'un cran. Et quand, deux ans après le drame, un jeune peintre prometteur décide de représenter l'horreur de cet épisode, à l'occasion du salon des Beaux Arts à Paris, les partisans du Roi sont bien décidés à tout faire pour qu'il n'ait pas l'écho espéré
Avec le savoir-faire qui le caractérise, Frank Giroud développe une histoire prenante. Sur fond de désordre politique, le scénariste du Décalogue décrit avec finesse la lente construction torturée de l'œuvre d'une vie. L'angle narratif judicieusement choisi lui permet notamment une scène d'exposition claire et efficace. En quelques pages, le contexte historique est ainsi rappelé et l'intrigue installée. Artiste passionné et entier, Géricault est déjà renommé et c'est avec méthode et talent que l'auteur conte comment d'une simple quête de sujet dans les faits divers, le radeau de la Méduse devient pour lui une obsession : de ses nombreuses recherches et esquisses aux observations des corps en décomposition, le lecteur découvre de quelle manière le peintre, à la santé fragile (il est mort à 32 ans !), se jettera corps et âme dans cette réalisation démesurée (sept mètres par cinq) qui marquera sa brève carrière.
Graphiquement, le résultat est légèrement en retrait. Sans surprise, la mise en scène comme les cadrages de Gilles Mezzomo sont réussis. Malheureusement, le lecteur ayant apprécié son travail sur la série Luka pourra regretter le manque de détails des décors ou les quelques approximations dans les proportions et les visages. Cette sensation est toutefois atténuée par le très bon travail de Céline Labiet aux couleurs : restituant à merveille les différentes ambiances, ses choix de teintes apportent réalisme et force au trait réaliste de son comparse.
Sans atteindre les sommets espérés à la découverte du casting, ce nouveau tome de la série des Grands Peintres reste une lecture intéressante centrée sur la création, par un personnage fascinant, d'un tableau universellement connu. Complété par le très bon dossier de Dimitri Joannidès, il permettra à chacun de regarder d'un œil nouveau ce que beaucoup considèrent comme la première peinture du Romantisme français.
Les avis
Laurent57
Le 22/09/2024 à 22:10:21
J'ai un avis très partagé sur cet album.
C'est le seul de la collection en ma possession, je l'ai acquis car j'apprécie grandement le travail de Gilles Mezzomo.
La BD est agréable à lire, s'il l'on parvient à passer le monologue long et assez mal amené concernant la politique de l'époque (qui tient quand même sur quatre planches).
J'ai du les relire à plusieurs reprises, il m'a fallu faire quelques simples recherches pour me faire comprendre une situation, ce que le scénariste n'a pas réussi.
C'est une BD sur l'histoire, et s'il y a bien quelque chose que je n'accepte pas c'est que l'auteur ne prenne pas le temps en annexe (BD ou roman) d'indiquer ce qui est fictif.
C'était le cas des romans de "l'egyptoloque" Christian Jacq (Que j'ai mis entre Guillemets pour cette raison).
Ici, c'est le personnage feminin qui est totalement foctif, si j'ai bien compris en cherchant sur le net.
En ce qui concerne le dessin, rien à dire, je suis de toutes façons un grand amateur des dessins de Gilles Mezzomo, un brin imparfaits mais toujours bien documentés.
La coloriste Celine Labriet a comme toujours fait un travail remarquable.
Elle a une capacité à travailler sur des BD historiques sans tomber dans la monochromie et surtout sans que l'aspect "numérique" soit dominant.
Regardez cette couverture, n'est-elle pas splendide ?
Blue Bird
Le 14/05/2024 à 07:46:54
Dans la collection « Les Grands Peintres », la BD "Géricault "(2016-ed. Glénat) du scénariste feu Frank Giroud et du dessinateur Gilles Mezzomo, que l’on peut trouver à la librairie du Musée du Louvre, nous présente, en ouverture, l’épisode horrible de l’histoire de la Marine, le radeau de la Méduse, avec un capitaine incompétent et des scènes de cannibalisme et de morts jusqu’à l’arrivée d’un bateau sauveur, en 1816.
En 1819, Géricault veut faire une toile immense de cet épisode mais cela contrarie le pouvoir en place de Louis XVIII.
Alors, pour la BD, une jolie espionne anglaise va essayer de discréditer le peintre sur son amour secret et incestueux, tout en tombant amoureuse de lui. La vérité les séparera.
Ce n’est qu’en Angleterre, que Géricault, pré-romantique, décrié par la critique française, va connaître le succès, « entre la puissance d’un Michel-Ange et les ténèbres d’un Caravage », peignant d’après modèle la décomposition des cadavres, puis mourra prématurément.
Les dessins de l’ouvrage sont beaux et classiques.
À lire.
Erik67
Le 05/09/2020 à 19:51:20
Derrière une toile très célèbre peut se cacher toute une histoire ayant de multiples ramifications. C'est ainsi du naufrage de la Méduse qui préfigurait celle de la royauté. J'ai bien aimé ce récit autour du peintre Géricault et de cette femme qui va tomber amoureuse de lui alors qu'elle avait été embauché pour le discréditer. Il est vrai que c'était un passionné qui voulait peindre au plus près de toutes les émotions et même de la mort.
Nous avons sans doute là l'un des portraits les plus réussis de la collection sur les grands peintres. C'est surtout la mise en scène qui est très efficace entre l'Histoire et la fiction. Une oeuvre très intéressante à découvrir. Cela donne envie également de faire un tour dans les musées pour admirer ses tableaux.