Info édition : Contient en fin d'album un dossier historique de 8 pages rédigé par Jean-Yves Delitte.
Résumé: 1805. Napoléon Ier a le projet de mener la guerre sur les terres mêmes de son éternel ennemi. Un plan audacieux pour l’empereur, car s’il lui est simple de rassembler des troupes en nombre sur les côtes de la Manche, faut-il encore réussir débarrasser les eaux de cette dernière de toute présence de vaisseaux anglais, au risque sinon de voir son projet prendre l’eau. C’est au vice-amiral de Villeneuve que revient la tâche ardue d’attirer la Royal Navy loin de ses côtes pour libérer le passage. Malheureusement pour l’empereur, son plan échoue. Il doit faire lever le camp à ses troupes pour les envoyer à l’est de son empire où la guerre menace et la Royal Navy n’a pas été abusé. Pis, la flotte franco-espagnole commandée par de Villeneuve, pourchassée par Horatio Nelson, s’est réfugiée à Cadix. La confrontation semble inévitable car l’amiral français reçoit l’ordre d’appareiller, de forcer le blocus anglais et se rendre au large de l’Italie pour soutenir les troupes de l’Empereur. S’il ne s’exécute pas, c’est le limogeage et le déshonneur. Après bien des hésitations, le vice-amiral de Villeneuve ira à la rencontre de son destin, persuadé qu’il peut vaincre. Il connaît tout de Nelson, sa flotte est supérieure en nombre et ses vaisseaux n’ont rien à envier aux Anglais. Mais l’amiral français a oublié que la puissance d’une flotte ne se trouve pas que dans les canons et le gréement des vaisseaux...
La bataille de Trafalgar deviendra ainsi la plus grande victoire de la Royal Navy et le pire affront pour la marine française.
E
n septembre 1805, la moitié de la flotte française mouille dans la baie de Cadix, au sud de l’Espagne. Elle est commandée par le vice-amiral de Villeneuve, plus connu pour son extrême prudence, conférant parfois à la lâcheté, que pour son audace. Les marins s’ennuient, les officiers s’inquiètent et l’Empereur demeure silencieux. La mission qui avait été confiée à l’escadre a échoué ; elle consistait à attirer la Royal Navy aux Antilles, afin de lever le blocus de la façade atlantique imposé par les Anglais et de permettre aux troupes françaises d’envahir leur éternel ennemi d’outre-Manche. Les ports restent bloqués et le légendaire amiral Nelson prépare sa riposte.
Les éditions Glénat lancent une série consacrée aux grandes batailles navales. L’objectif, indéniablement pédagogique, consiste à montrer combien les combats menés sur les mers et les océans ont contribué à modifier ou conserver les équilibres géopolitiques. Il est aussi de restituer des faits, des personnages et des vaisseaux avec une exactitude indéniable. La caution du Musée national de la Marine et le dossier se trouvant en fin d’album en attestent.
Jean-Yves Delitte, qui signe les scénarios, est peintre officiel de la Marine et membre de l’Académie des Arts et Sciences de la Mer. Fort d’une œuvre conséquente (Black Crow ou Le Sang des lâches), il livre ici un récit subtil évitant les poncifs de la bande dessinée historique qui se voudrait trop pointilleuse ou démonstrative. Il ne s’attarde guère sur la confrontation physique, mais détaille plutôt les semaines précédentes, tant du côté anglais que français. Il met en évidence les difficultés de communication au sein de l’armée française et la détermination du commandement de la Royal Navy.
Par ailleurs, Delitte a la bonne idée de prendre le point de vue de matelots anonymes, commentant les événements sans véritablement les comprendre, loin du conflit franco-anglais, mais en première ligne pour perdre un membre ou la vie. L’écueil d'exposer l’histoire par « en-haut » est contourné et permet au lecteur d’entrer de plain-pied dans les péripéties.
C’est Denis Béchu qui se charge du dessin sur cet épisode. Le jeune dessinateur offre un travail irréprochable, croquant de vraies gueules burinées, des navires élégants et des paysages maritimes gracieux. Le travail sur la couleur est remarquable et la précision du trait ne nuit aucunement à l’impact visuel.
Trafalgar est une réussite. La reconstitution est soignée, sans être lourde, la dimension didactique s’efface derrière la tension narrative et les ficelles de la fiction permettent d’entrer dans un épisode majeur de la saga napoléonienne. Appareillez et allez humer l’air du large avec cet épisode prometteur.
Les avis
kingtoof
Le 08/06/2019 à 11:52:33
Le travail est bien réalisé, cependant je n'ai pas été inspiré par le scénario et la reconstitution des évènements.
Je ne pense pas explorer les autres albums de la série.
THT60
Le 01/04/2017 à 11:34:58
Je regrette que l'auteur ne connaisse pas les règles de la langue française à propos des particules nobiliaires et nous assène du "de Villeneuve" en permanence.
On découvre la faiblesse du tempérament de l'amiral de Villeneuve, la tactique ancienne et connue de tous, la marche en ligne et le manque évident de communications et renseignements dû à l'époque.
Deux remarques romanesques, la blessure mortelle de Nelson infligée par un enfant inaguerri et la thèse de l'assassinat de Villeneuve commandé par l'Empereur.