C
hez Lewis Carroll, Alice a traversé un miroir pour accéder à un univers imprévisible. Dans Grandes Kitty z97, c’est via le grand bain de la piscine qu’il faut passer pour se retrouver sous les étoiles. Attention néanmoins, avec EMG aux manettes, rien n’est jamais sûr à cent pour cent.
Également architecte de formation, EMG partage et revendique avec Lukasz Wojciechowski la même volonté d’exploration formelle du neuvième Art, ainsi que l’utilisation d’outils venus du dessin technique. Pour autant, au-delà de l’expérimentation pure, ils n’oublient jamais leur rôle de conteurs et proposent tous deux de vrais romans graphiques.
Dans Grandes Kitty z97, l’auteur de Volt Évier z82 et de Tremblez Enfance z46 (qui a dit que l’art du titre se perdait ?) ajoute aux volumes anthropomorphes et aux jeux de perspective un pan temporel nouveau à sa narration. Le récit se dédouble, se chevauche et se mélange, alors que les personnages se retrouvent de part et d’autre d’une frontière entre des réalités plus ou moins concordantes. Enfin, peut-être, tout n’est pas totalement clair dans ce pseudo-thriller parsemé de pièges et d’indices. Perdu et logiquement confus, le lecteur doit se faire sa propre idée, quitte à se tromper et à tout recommencer. D’ailleurs, comme le dit l’un des protagonistes : «Ton problème, c’est que tu ne te méfies pas assez.»
Edwin Abbott Abbott défie Euclide et embarque René Barjavel avec lui, sous l’œil et le contrôle d’un EMG hitchcockien et malicieux à souhait. N’oubliez pas votre bonnet de bain et prenez garde aux reflets trompeurs !