Résumé: Unanima est une ville située au fin fond de l'Antarctique, un endroit où seuls les artistes sont autorisés à résider. Ils disposent de 6 000 m2 de glace, la toile la plus grande du monde. Mastrangelo, maître des lieux, prône qu'on y peigne "le projet de tous et de chacun" : l'oeuvre unanime, l'oeuvre ultime, la seule digne d'être contemplée par les dieux. Mais un homme, une femme et la technique vont contrecarrer ce projet, qui sous couvert d'être utopique ne fait que porter la mégalomanie de Mastrangelo.
L
ailuka fait route pour Unanima, cité de l'Antarctique dirigée par le Commandeur Mastrangelo et où se côtoient des milliers d'artistes, les Unanimistes. Elle souhaite y présenter sa toile, une "image qui la poursuit depuis qu'elle est enfant" et concourir pour le choix du meilleur projet. Car le gagnant verra son oeuvre représentée sur la plus grande toile du monde, 6000 km² d'étendue vierge et glacée, visible depuis l'espace ! Le rêve de tout artiste, mais comment choisir le gagnant ?
La grande toile est un album de contrastes très forts où les caractères et les apparences ne sont pas aussi lisses qu'il y paraît au premier abord. Aperçue de loin, Unanima semble immaculée mais est en réalité couverte de graffitis sur tous les bâtiments. Homme qui semble ouvert au dialogue et enclin à privilégier le consensus, le Commandeur Mastrangelo ne poursuit qu'un objectif unique, la concrétisation de son projet, qui lui importe plus que le choix de la toile à réaliser. Feignant de se prêter au jeu d'une décision commune, les bien nommés Unanimistes visent pourtant, individuellement, la victoire finale. Seul l'un d'entre eux, Ego, fait figure d'exception en rejetant l'hypocrisie et en affichant ouvertement son dessein.
Après l'agréable découverte de la Bulle de Bertold l'an dernier, Ippoliti poursuit ici avec les mêmes techniques : portraits très expressifs, couleurs diffuses, ombres accentuant les contrastes. Sans oublier un découpage accompagnant parfaitement la chute de l'histoire.
Au-delà de son thème principal, La grande toile aborde de manière grinçante des sujets aussi divers que l'écologie et la politique. Comment justifier en effet l'extermination des calamars géants dans le seul but de procurer l'encre nécessaire à la réalisation de ce projet titanesque ? Comment ne pas réagir aux discours lénifiants sur les appels au consensus et sur la manière de l'obtenir ?
Certains trouveront le message par trop simpliste, mais l'originalité du scénario qui le porte suffit à rendre indispensable la lecture de cet album !
Les avis
Hugui
Le 12/11/2006 à 17:24:07
Dessin très intéressant, histoire très étrange, cet album d'auteurs argentins est très original. La culture peut-elle être unanime ? Le consensus est-il possible ou même souhaitable ? Quand on connait un peu l'histoire de l'Argentine qui sort juste de la faillite, on comprend mieux le pessimisme des auteurs.
L'originalité de cet album et la qualité du graphisme mérite sa présence dans votre bibliothèque mais lisez le un jour où votre esprit est disponible.