Le 18/05/2025 à 13:16:29
Le grand vide, cela signifie la mort. Pour autant, il y a plein de façon de mourir. Dans ce monde hyperconnecté, la mort est tout simplement l'oubli d'où la nécessité de rester célèbre. Il s'agit alors de capter l'attention du public coûte que coûte afin de rester dans la course de la vie. On voit où la célébrité peut parfois mener. Mais bon, c'est surtout la critique de ces gens qui débutent sans aucun talent et qui veulent se faire remarquer en créant du buzz. Il s'agit d'occuper de sa présence tout l'espace médiatique même si cela ne repose au fond sur pas grand-chose. On remarqua au premier abord que cet ouvrage est publié dans un bel écrin qui me met en valeur. Il y a également cette utilisation de la couleur (bleu, blanc et rouge) en bichromie pour créer de l'effet artistique et cela fonctionne plutôt bien malgré une certaine froideur. Par ailleurs, le trait demeure assez expressif pour mieux comprendre les émotions des personnages. On notera également une certaine géométrie pour dessiner une ville aux gratte-ciels s'élevant vers le ciel jusqu'à se perdre dans le grand vide. Bref, le tout reste assez fouillé pour rendre la lecture assez fluide ce qui est le principal. L'auteure Léa Murawiec dont c'est une première œuvre propose quelque chose d'assez original dans une volonté de perfectionnisme, sans doute trop élaboré pour séduire totalement l'ensemble du lectorat. On pourra aisément lui pardonner car il y a des faiblesses mais également des qualités. On sent la fable sur les dérives de la société actuelle qui mise sur le paraître au lieu du fond ce qui est bien plus important. On suivra néanmoins l'évolution du personnage principal afin de tirer des leçons dans cette société poussée à son paroxysme. Dommage pour cette conclusion à mon goût trop ouverte et assez inaboutie. Il reste encore du travail à accomplir pour l'auteure mais celle-ci est à suivre incontestablement.Le 04/12/2023 à 18:28:23
J'ai subi ce livre. Le dessin est à la fois totalement maîtrisé et totalement illisible. Le postulat de départ est intriguant mais je me suis lassée dès les premières pages, avec ce personnage très antipathique au final, qui n'hésite pas à frapper ou insulter ses proches. Rien ne m'a plu, ni le rythme, ni l'histoire, ni l'épilogue. Une purge.Le 05/04/2022 à 21:23:22
Album à nul autre pareil. Léa Murawiec nous entraîne réellement dans un univers et dans un mode de narration très originaux. Une réflexion sur l'existence, sur la permanence, le souvenir, mais aussi l'égoïsme, le chacun pour soi. Livre à lire qui épuise un peu son lecteur par le rythme effréné de l'histoire et de l'enchaînement des cases et des pages. A lire plusieurs fois pour vraiment saisir tout le propos. Le dessin est très expressif que ce soit pour les personnages mais aussi pour les décors (ville). Autrice de talent. Vivement le prochain livreLe 22/09/2021 à 11:05:28
Quelques mots sur cette BD de Léa Murawiec que j'ai vraiment bien aimée. Au sein d'une ville futuriste et imaginaire, dont les habitants sont convaincus que rien n'existe en dehors (ce fameux Grand Vide), vous ne pouvez littéralement exister que si on vous connait et si on pense à vous. La survie de tout un chacun est ainsi conditionnée à sa Présence, bien (pour le moins immatériel) le plus précieux de tous. Jusqu'à produire de véritables immortels en récompense des plus grandes célébrités. La jeune héroïne, Manel Naher, se tient plutôt à distance raisonnable de cet état de fait, préférant rêver à son projet de découvrir ce que cache vraiment ce Grand Vide. Jusqu'au jour où sa vie est tout à coup sérieusement mise en danger par l'avènement d'une autre Manel Naher, chanteuse à succès, qui accapare toute la Présence (dans l'esprit des habitants) disponible. Métaphore évidente d'un certain mal sociétal très actuel, cette histoire est racontée avec beaucoup de talent par la toute jeune autrice Léa Murawiec. Elle fait preuve d'énormément de maturité dans sa narration en exposant de manière très fluide et naturelle les règles de cette société, sans qu'on soit assommé par un discours critique pesant. Ce besoin de Présence parait ainsi évident pour le lecteur sans qu'il soit expliqué ou justifié par quelque inutile tirade que ce soit. Son dessin très souple et dynamique est aussi en constant soutien du récit et nous propose en même temps un environnement graphique et visuel assez captivant. Accompagnant l'histoire, on voit ainsi apparaitre dans les cases des dizaines et des dizaines de noms aux typographies variées qui mettent en scène un décor étrange et fascinant. Je ne sais pas où Léa Murawiec a pu aller chercher tout ça. A peine ai-je descellé un "Nicolas Sarkozy" au détour d'une case. Même les ellipses, aussi soudaines qu'inattendues, utilisées pour la progression de l'histoire, passent très bien et permettent de mener l'album de bon train jusqu'à sa conclusion. Mon seul regret est pour celle-ci, à mon sens un peu en demi-teinte et téléphonée. Et avec tout ça, une belle édition bien soignée à la quadrichromie très plaisante. Bref une bien chouette BD qui vaut amplement le travail de commentaire que je viens de vous livrer et la Présence que je souhaite offrir à Léa Murawiec (quatre fois que je la cite, j'espère que ça suffira... Allez, je vais de ce pas m'inscrire à son Insta). En tout cas, une autrice à suivre, comme on dit dans nos villes (et nos campagnes ?).BDGest 2014 - Tous droits réservés