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n 1941, les alliés ont remporté une victoire sur l'Allemagne leur permettant de signer une paix séparée. Seule l'Union soviétique continue le combat contre les Nazis. Quatre ans plus tard, le "Charles de Gaulle", fleuron de la flotte de dirigeables d'Air France, disparaît au nord du Groenland. Une expédition de secours est aussitôt montée et Nestor Serge, reporter à France Soir, est du voyage. L'embarquement est prévu à Hambourg et le comité d'accueil n'est pas tout à fait celui attendu.
Modifier le cours de l'histoire pour en tirer un scénario qui sort de l'ordinaire, tout en s'appuyant sur une partie de faits réel, est devenu un sport à la mode. Hauteville House depuis quelques années, l'Histoire Secrète et Tanatos ce mois-ci... Le Grand Jeu suit le mouvement, avec des éléments fantastiques rajoutés ça et là dans le récit pour le pimenter et le rendre moins prévisible. Jean-Pierre Pécaud, après avoir arrangé à la sauce mystique plus de vingt siècles de l'histoire du monde, revisite l'issue de la deuxième guerre mondiale. L'armistice imaginé entre l'Angleterre, la France et l'Allemagne fut une hypothèse constante repoussée par Roosevelt et Churchill : Le grand jeu permet d'imaginer ce qu'aurait alors pu être l'Europe si les alliés avaient gagné la guerre en cinq semaines sans l'aide des américains, plutôt qu'en cinq ans.
Cette uchronie est un moyen efficace pour inventer toute distorsion possible de l'histoire et ajouter tous les éléments souhaités. Ainsi l'introduction de modifications génétiques vient-elle s'associer au déficit d'évolution technique induit par l'absence de progrès faits en temps de guerre : pas d'avions à réaction mais des dirigeables comme transport de masse. Une petite touche exotique sur le mode steampunk inversé qui pimente une histoire assez classique dans son déroulement. L'inévitable reprise de service du héros à la retraite précède de quelques pages une tentative d'élimination puis un traquenard prévisible. C'est convenu mais cela se tient.
Déjà partenaire du scénariste sur les tomes 5 et 6 de L'Histoire Secrète, Léo Pilipovic affirme son style réaliste. Comme pour l'histoire, c'est l'efficacité qui est privilégiée à l'audace ou à l'originalité. Mais qu'importe, encore une fois le résultat est là et Ultima thulé remplit son rôle sans détoner : distraire. N'est-ce pas là l'essentiel ?
Les avis
lacale
Le 04/12/2007 à 09:11:56
l'idée est très intéressante peut être farfelu mais intéressant, les dessins sont très corrects, alors attendons la suite pour se faire une idée, d'autres BD sont surcotés, avec des dessins minables ( métropolis etc. ) ou des senar bien pire( ou le regard ne porte pas ) mais ce n'est que mon avis
TonTon008
Le 04/12/2007 à 08:48:52
j'ai beaucoup aimé cette BD, en refermant ses pages j'ai pensé : si j'avais autant d'imagination je ferais de meilleurs scénario de Jeux de rôles (oui je suis maitre de jeu et fan de toute bonne inspiration), j'aurais dû y penser avant à cette Uchronie : la fin de la guerre avec les Nazis prématuré et ce qui en découle, enfin a quand la suite de la série !
je n'ai pas été heurté par l'utilisation de toutes les références de l'époque, mais au contraire je les ai trouvés bien exploité. La fin de la guerre de 39-40 était une possibilité quand on sait que les Americain se sont longuement tâter pour savoir qui serait leurs pire ennemi, les Allemands ou les Russes, si Hitler avait été renversé la guerre aurait pu s'arrêter aux victoires de 40 et la situation être tel que décrite dans le livre.
l'utilisation des personnages de l'époque c'est un grand classique du genre très efficace et d'autant plus que nous les connaissons visuellement (Lino Vntura par exemple)
Je la trouve de meilleure qualité que "Hauteville house" mais j'avoue un faible pour la période.
J'attend la suite avec impatience.
muxubat
Le 13/10/2007 à 16:55:26
Grand amateur d'uchronie, je dois avouer m'être précipité sur ce premier album de cycle avec autant plus d'intérêt que la digression à partir de laquelle se fonde le récit (un III° Reich rapidement battu à l'Ouest par une alliance franco-britannique mais toujours en guerre contre l'URSS) n'avait, à ma connaissance, jamais été envisagée. Sa lecture m'a beaucoup déçu malheureusement. La faute n'en vient pas tant au dessin de Pilipovic qui illustre convenablement ces hypothétiques années 40 (quoique certaines vignettes donnent l'impression d'être franchement vides) ; mais plutôt du fait d'un scénario bâclé et affreusement fourre-tout. Bâclé dans le sens où le travail d'ambiance, d'approche, est réduit à sa plus simple expression. Le dirigeable "Charles de Gaulle" ayant disparu au dessus du Groenland, le journal France-Soir entend envoyer un reporter, Nestor Serge, enquêter alors qu'il se la coulait douce en vacances et hop c'est parti. A peine sort-il du bureau de la rédaction que ni une ni deux, tout et n'importe quoi lui tombe dessus. Soit, mais ce n'est pas sa gouaille à la Michel Audiard qui le rend plus sympathique... Et fourre-tout parce que si les ficèles de l'uchronie sont utilisées (Mitterrand au ministère de l'Armée, le colonel Rémy aux services spéciaux, etc.) ; il eût été plus intéressant d'en approfondir quelques unes pour mieux développer le monde et donner une cohérence (celle des auteurs) plutôt que de les aligner toutes. Pour un album intitulé "Ultima Thulé", le fatras s'annonçait lourd entre les véritables lycanthropes des commandos Werwölfes, la Waffen-SS tibétaine, les missions himalayennes des nazies à la recherche de le Terre-Creuse, etc. Enfin bon, peut-être qu'avec le tome deux???
safedreams
Le 02/10/2007 à 20:22:15
Lu et très déçu.
Je pense qu'il y avait matière à faire beaucoup mieux car les idées de départ ne sont pas trop mauvaises en soit, mais sont absolument et abominablement mal exploitées.
L'uchronie qui m'a intéressé au départ (dans l'achat de la bd) n'est pas du tout expliquée et développée. La n'est pas le sujet apparement. Mais la conséquence imédiate, c'est un univers peu crédible. C'est un ramassis de données historiques où de sous culture fantastique réchauffée (Foo fighters, Lovecraft, Lou garou, super héros Comics), mises bout à bout sans cohérence globale. ça n'aide pas du tout à la crédibilité de l'ensemble ni même à la compréhension. Bien que l'histoire soit "du grand n'importe quoi" (d'ou le coté série B), ne me gène pas, bien au contraire, mais ça n'empêche pas un devoir pour les auteurs de créer l'illusion et de la rendre crédible. Une bonne histoire ce n'est pas uniquement comme ici, reprendre des faits et personnages historiques et simplement les citer comme une donnée "a admettre" de soi même tout en agrémentant de fantastique très réchauffé. La façon d'aborder l'histoire relève ici, selon moi, du non talent et même du non professionnalisme.
Autre point très négatif, c'est le coté complètement médiocre et indigeste des dialogues. Ils sont trop nombreux et compliqués pour installer une intrigue à l'intérêt plutot faible et finalement simple. Ils deviennent pesants, trop nombreux et la fluidité et le plaisir de lecture sans ressent très fortement.
Le coté fanfaron du héros en toute occasion m'est également extrêmement désagréable et assez lourd car trop souvent répété.
Enfin, le dessinateur n'est pas mauvais mais il y a une trop grande successions de dialogues entre personnages et à huit clos d'ou un dessin inintéressant.
Bref, attention, cette BD peut en décevoir plus d'un !
madlosa
Le 29/09/2007 à 22:23:15
Voilà une agréable surprise publiée par Delcourt qui a tendance en ce moment à sortir pléthore d'ouvrages plus ou moins bons. Le scénario de Pécau est bien construit et servi par des dialogues pleins d'humour et des dessins précis et vivants. Nous plongeons dans l'après guerre, juste après l'armistice avec Nestor Serge, journaliste blessé de guerre qui possède un peu de Boro reporter. Il se voit confier une mission périlleuse de sauvetage dans l'Articque. Dès lors des puissances inquiétantes vont se liguer pour l'empêcher de partir. Cette histoire mêle avec brio le fantastique et le réel en utilisant une méthode narrative efficace et qui a fait ses preuves. Dommage qu'il faille certainement attendre une année pour dévorer la suite !