I
l ne trucide pas mère-grand mais essaie de la sauver, il ne veut pas becter le canard de Pierre, ni faire son petit déjeuner de la chèvre de M. Seguin. Et si le loup était gentil ?
La parodie de contes pour enfants n'est pas forcément destinée à leur cible première. Le recueil de Ben Lebègue en est un exemple criant. Il n'évite pas l'hécatombe mais au moins l'hilarité remplace avec avantage la morale. Définitivement tourné vers le monde cruel des adules, Le grand gentil loup passe en revue, avec un humour qui ne peut être que noir, quelques-uns des pires maux de notre société : l'intolérance, l'esclavage des enfants, l'exclusion des malades mentaux, etc. Lébègue rend le loup timide, naïf et doux comme un agneau pendant que les autres autour de lui sont cruels et sans pitié. C'est le monde à l'envers et cela rend ces petits contes attrayants et divertissants. Une autre façon de redécouvrir certaines de nos histoires enfantines préférées.
Le graphisme a bien entendu un ton rigolard de circonstance, avec son lot de gueules à dormir dehors avec un ticket de logement. Il y a du Bouzard là-dedans par moments. Ce n'est pas pour rien qu'il est un des parrains du loup présenté en fin d'album au milieu d'un petit florilège d'illustrations de Boulet, Efix, etc. Le gaufrier de douze cases offre une progression rapide pour chaque récit, permettant un développement complet en seulement quelques pages. Ce choix de mise en scène contrecarre le petit format qui aurait pu laisser penser à une lecture expresse, même si l'ensemble se lit aisément et sans perte de temps.
Petit format et petit éditeur mais grand loup et belle réussite. A dévorer sans modération.