Résumé: L’heure tant attendue du premier duel a enfi n sonné ! Réunis dans la demeure de maître Kanzaki, Shizuku et son rival Issei doivent dévoiler le vin qu’ils ont choisi, conformément à la description qui a été faite du premier des « douze apôtres ». On découvrira également les raisons qui ont fait de Chosuke un fervent amoureux du vin italien, au détriment du vin français, à travers son histoire d’amour contrarié. Avec, comme à chaque volume, de grands vins toujours aussi magistralement décrits !
L
’heure de vérité a sonné dans la première manche du duel qui oppose Shizuku Kanzaki à Issei Tomine pour obtenir l’héritage de leur père, biologique du premier et adoptif du second. Les deux hommes ont apporté un vin correspondant à la définition minutieuse donnée par le vieil œnologue au premier des « apôtres » qui les conduiront au breuvage suprême, « les gouttes de Dieu ». Sûr de ses connaissances, Issei frôle la perfection et voit son rival l’emporter de justesse. L’épreuve à peine achevée, un nouveau défi, tout aussi délicat, attend Shizuku. Il doit prouver à un ancien ami de sa collègue Miyabi, qui veut ouvrir un supermarché de luxe ne vendant que des bouteilles de la meilleure qualité, qu’un crû moins bien classé peut surpasser les cinq grands châteaux bordelais. Pour montrer que la marque n’est pas tout, une dégustation s’impose !
La mode est aux mangas de genre mettant en exergue quelques métiers de bouche plus ou moins connus. Les Gouttes de Dieu en font partie et explorent les mêmes fonds que Sommelier qui avait ouvert le créneau. Les joies dispensées par Bacchus y sont dévoilées aux profanes comme aux initiés à travers la quête du nectar divin que doivent absolument découvrir les héritiers d’une sommité en matière de vin. Cette recherche qui tient presque de l’enquête constitue le fil rouge de la série. Habilement menée, celle-ci suit plus particulièrement le parcours d’un néophyte complet, le propre rejeton du défunt, dont le lecteur découvre l’apprentissage en œnologie et le palais incomparable pour reconnaître la qualité des breuvages vineux malgré la faiblesse de ses connaissances théoriques. D’ailleurs, l’opposition entre Shizuku et son adversaire Issei se révèle être celle du talent inné face à des acquis longuement étudiés, au-delà de celle de deux caractères totalement divergents. Le premier s’avère des plus sympathiques par sa simplicité et sa cordialité, tandis que l’autre, plus guindé, suscite certes l’intérêt mais sans provoquer d’enthousiasme immodéré.
Outre ces rivaux, les autres protagonistes sont attachants et chaque tome permet d’en savoir un peu plus sur eux, donnant parfois l’occasion de développer une nouvelle aventure œnologique allant de pair avec quelques rencontres et découvertes. Autre trait récurrent dans l’œuvre, la débauche d’imagination dont font preuve les intervenants, et tout particulièrement le héros, lorsqu’il s’agit de savourer les alcools. Après la description de la robe et du bouquet, toujours d’une précision méticuleuse, fleurissent des images idylliques – souvent – ou fanées – rarement - en rapport avec les boissons consommées. Dans ce sixième album, tant le Chambolle-Musigny les Amoureuses que les inaccessibles crus Château-Latour, Mouton Rothschild et autres summum des caves d’excellence provoquent des envolées lyriques, depuis le jardin d’Eden jusqu’au Neuschwanstein, en passant par les travées d’un orchestre, un temple zen ou la salle du trône de Cléopâtre. Cette luxuriance imaginaire, quelque peu surfaite certes, mais non superflue, agrémente bien le récit en transcrivant ainsi la jouissance de ces dégustations, difficiles à rendre autrement.
Enfin, il faut apprécier la dimension didactique des Gouttes de Dieu dont chaque volume délivre quelques enseignements dans le domaine, aussi bien dans la trame narrative qu’en fin de tome. Ce sixième volet n’y fait pas exception puisqu’outre les explications données sur les vins choisis lors du duel autour du « 1er apôtre », d’autres, nombreuses, viennent compléter la séance autour des cinq Bordeaux mythiques. Côté dessin, le graphisme s’avère classique et de bonne facture. Il met l’accent sur les émotions et impulsions des personnages, soulignant à l’envi leur rapport privilégié à la dive bouteille et les instants uniques que forment chacune de leurs libations.
Ce tome 6 s’inscrit dans la lignée des précédents et confirme la bonne tenue d’une série riche et à laquelle on accroche facilement.
Les avis
pysa
Le 18/11/2017 à 00:05:16
Sixième opus de la saga des Gouttes de Dieu. Petite pause après la découverte du premier apôtre et dégustation des cinq premiers crus classés de Bordeaux. Un tome de transition très agréable à lire.
excessif
Le 08/05/2010 à 08:27:34
Est-ce une certaine lassitude qui s'empare de nous après le premier millier de pages ? Est-ce plutôt réellement "un coup de barre" de Tadashi Agi qui peine - et on le comprend - à renouveler son concept de départ ? Toujours est-il que ce sixième tome de la saga oenologue des "Gouttes de Dieu" nous enthousiasme et nous charme moins que les précédents : entre la répétition systématique de l'illustration visuelle (éblouissante certes) des sensations apportées par les vins dégustés (personnellement, je tique un peu sur l'assimilation du Château Margaux à la Reine Cléopâtre, mais je suppose que, vu du Japon…) et le relatif manque d'intérêt du nouveau défi relevé par Shizuku (prouver à un snob qu'il n'y a pas que la "marque" du vin qui compte, une question pertinente il est vrai dans les pays où la culture du vin n'est pas encore établie…), on patauge un peu dans la banalité ici. Et ce n'est pas la résolution de la première énigme - il en reste 12, ouuufffouuufff ! - qui nous rassure sur notre capacité à poursuivre un tel marathon...