Résumé: Une ode à l’émancipation des femmes et à la tolérance
Bron et Max sont liées par un amour puissant et dévorant. Leurs escapades sauvages avec Nessie, la nièce de Max, constituent des îlots de bonheur qu’elles attendent chaque semaine avec impatience. Entraînées par le pouvoir d’imagination de l’enfant, elles peuvent être elles-mêmes et oublier leur quotidien pris en étau entre des tensions familiales, le rejet et l’isolement. Mais les vieux démons de Bron resurgissent et leur relation s’étiole… Les deux jeunes femmes n’auront d’autres choix que de s’ouvrir à leurs soeurs respectives, dont elles se sont autrefois détournées.
Parviendront-elles à laisser de côté leur rancœur et à trouver le chemin de la réconciliation ?
E
lles passent vraiment de bons moment à trois, là, comme ça, à jouer dans la forêt à traquer des chimères. Pour Max, aimer Bron, c'est pareil que respirer ou manger, c'est vital. Mais Bron traîne avec elle le poids du regard des autres car, devenir femme après avoir été homme, c'est confus dans sa tête et dans son corps, enfin, surtout dans l'esprit des gens : sa famille ultra catho, la sœur de son amoureuse et puis les autres. Enfin, non, pas pour Nessie, la nièce de Max : c'est même parfaitement simple, elle l'aime comme elle est et ne se pose pas de questions. Pourquoi la vie est si compliquée ?
Voici le premier roman graphique d'une jeune auteure australienne qui présente une acuité assez impressionnante sur un sujet casse-gueule. Lee Lai dissèque une relation amoureuse aux prises avec les tourments intérieurs d'un couple féminin atypique, puisque l'une d'elle est transsexuelle. L'environnement familial s'y greffe avec des parents rigides qui n'acceptent pas ce changement d'identité et des sœurs respectives tout aussi chamboulées avec leurs idées arrêtées. Seul personnage équilibré, la fillette qui, agissant le plus naturellement du monde, semble détenir la vérité, c'est à dire, être soi-même. L'écriture est fine, sans pathos ni jugement. La psychologie des acteurs sonne vrai, leurs réactions représentant le monde tel qu'il existe.
Quatre cases par page de manière invariable, l'artiste joue ainsi la carte de l'épure graphique, mettant en images ce théâtre de l'intime sur la seule base de scènes dialoguées. À l'aide d'un trait fin gracieux et de lavis gris-bleu intense, les planches instaurent ce caractère intime qui explore la psyché de chacun des protagonistes. Les moments de complicité dans la nature apparaissent comme autant de bouffées d'air dans le récit qui aurait pu rapidement être plombé ou tomber dans la psychologie pompeuse.
Sensible, pudique et résonnant avec justesse, Le goût de la nectarine convainc sans effort en offrant une page de tolérance bien méritée.