Le 26/06/2025 à 20:19:19
Bien qu’il y ait l’ombre de Batman en couverture (très jolie, réalisée par Jorge Molina, mais sans rapport avec le style intérieur de Phil Hester, au demeurant très réussi également), Gotham dans le titre, la famille Wayne au cœur de l’intrigue et quelques noms familiers – Crime Alley, Ace Chemicals –, l’histoire pourrait tout autant ne pas se situer dans l’univers de Batman, quasiment absent de l’album par ailleurs (Gotham City: Year One 2022, #1-6). C’est en fait un polar assez classique avec son détective privé, Slam Bradley, au bout du rouleau, qui boit, qui fume, qui couche et qui se lance bien malgré lui à la recherche d’une enfant kidnappée. Mais cette disparition n’est en réalité qu’un prétexte destiné à narrer, longs récitatifs à l’appui, les débuts parallèles de la ville de Gotham et de la famille Wayne. Et le véritable propos de Tom King me parait même être ailleurs. L’auteur insiste en effet lourdement, surtout dans la seconde moitié de l’album, sur la question du racisme (la ségrégation spatiale, les inégalités sociales, les violences policières et urbaines). J’ai beau avoir lu pas mal d’histoires dans l’univers de Batman, je n’avais jamais perçu que ce sujet était particulièrement prégnant à Gotham. King souligne aussi à plusieurs reprises les origines mulâtresses de son personnage principal quand bien même le dessinateur lui donne, sans confusion possible, l’apparence d’un blanc tout au long de ses planches. Enfin, l’histoire s’achève sur une sorte de non-dit quant au métissage de Batman via son grand-père… Bref, le traitement moralisateur du sujet n’est pas très subtil et laisse de côté un aspect à mon sens essentiel de l’intrigue : Queenie Lydell et Constance Wayne, pourtant toutes deux complices d’homicide involontaire, à des degrés différents, s’en tirent sans être inquiétées.BDGest 2014 - Tous droits réservés