C
harles (aussi connu sous le nom de Dieu) a choisi de se faire discret et habite maintenant chez Cathy. Par contre, l’anonymat qu’il s’impose ne lui facilite vraiment pas les choses. Difficile de trouver et garder un travail quand tout vous était dû jusqu’alors. La situation n’est pas meilleure dans la presse. En effet, depuis le retrait de leur sujet principal, les ventes sont en chute libre. Les lecteurs veulent du divin. Que proposer pour les satisfaire ? Pourquoi ne pas leur fabriquer un remplaçant ? Un ou deux miracles bien orchestrés devraient faire l’affaire.
Jonathan Munoz continue de gratter les religions dans le second tome de Godman. Toujours sur le ton de la caricature et de l’humour décalé, il dresse un constat dévastateur sur les dérives des Églises (peu importe leurs dénominations) et envers ceux qui profitent des plus naïfs. Grâce à un discours grinçant faussement désabusé, le propos fait souvent mouche, même si l’effet de surprise généré par Au nom de moi s’est un peu estompé. En particulier, l’affrontement entre « carlistes » et « möatistes » et, ainsi que l’humanisation volontaire du héros sont un peu forcés par moments. La lecture s’avère néanmoins agréable de par la consistance de la narration. Personnages et incidents secondaires donnent du rythme et du corps à l’album.
La densité du scénario se fait aussi remarquer dans les dessins. L'artiste n’aime pas le vide et ça se voit. Le découpage très serré est fait de cases plus que remplies (décors, figurants et mobiliers urbains). Évidemment, ce que le résultat gagne en richesse, il le perd en lisibilité. À vouloir trop en mettre, Munoz noie un peu le lecteur sur la longueur. D'un autre côté, il démontre une attention toute particulière pour les détails et offre de nombreuses scènes urbaines graphiquement très impressionnantes.
Un peu en deçà de la première histoire, Au nom de Möa reste un très bon récit se jouant habilement des peurs contemporaines avec une drôlerie acerbe, mais jamais méchante ou gratuite.