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n 1977, Bologne est le cœur de la contestation estudiantine dans une Italie plongée dans ses années de plomb. Gianna est étudiante le jour, serveuse le soir. À la faculté, elle milite pour la liberté, pour le droit de disposer d’elle-même en dehors des dictats d’une société profondément conservatrice.
Arianna Melone fait ses premières armes de ce côté-ci des Alpes avec un récit d’une belle maitrise dramatique, inspiré de la chanson éponyme de Rino Gaetano et édité chez Albin Michel.
Un trait à peine esquissé, une couleur évocatrice faite de crayons et d’aquarelle, un dessin qui plonge dans l’expressivité et se refuse à la netteté qu’impose le réalisme. Tout est dans la perception des choses, l’important est ce qui se devine. Rapidement, il est évident que Gianna n’est pas comme les autres, mais en quoi est-elle différente ? Elle est brillante et indépendante, certes, elle porte haut et fort les luttes et les questions de sa génération, mais surtout ses mains se veulent libres de prodiguer les caresses qu’elles entendent... et ne le font-elles pas déjà trop ?
Arianna Melone dépeint avec brio une pasionaria qui a le sentiment de ne pas être à sa place, d’être la prisonnière de ses douleurs comme de ses passions qu’elle exorcise dans le combat politique et des étreintes sans suite. Pour cela, elle utilise la couleur comme un exécutoire aux sentiments contradictoires qui animent son héroïne et la conduit vers un dénouement implacable, superbe de progressivité. Gianna devient alors une martyre, prise au piège tissé par l’incompréhension et la bien-pensance de l’époque.
Gianna est une histoire attachante, joliment mise en forme et toute empreinte d’une belle émotion envers une jeune femme (trop) libre… trop tôt !
Les avis
Erik67
Le 14/11/2022 à 07:38:19
Gianna est une fille assez anticonformiste, plutôt féminine avec une sexualité libre et consentie, qui est plutôt en avance sur son temps. Elle vit dans une Italie des années 70 qui n'a pas encore légaliser l'avortement. Il y a des manifestations dans tout le pays avec des forces de l'ordre plutôt brutale.
Ce personnage est toutefois non seulement incompris mais critiqué. Elle va perdre le soutien de son père et verra passer sa sœur (qui voulait être nonne) casée avec un machiste qui ne lui a pas demandé son avis avant le passage à l'acte. Bref, c'est une violente charge légitime contre une société paternaliste.
Gianna va malheureusement ma finir comme pour toutes les personnes qui osent défier l'autorité et s'élever contre certaines injustices. La conclusion est plutôt triste et amer.
A noter également une belle utilisation des couleurs sur des planches à l'aquarelle ce qui constitue un travail de qualité graphique indéniable.
C’est à lire pour voir le témoignage d'une femme qui va payer très chère sa défiance. Oui, le combat pour l'égalité des droits entre les sexes est encore long malgré tout le chemin parcouru.