Résumé: Au XIXe siècle, le théâtre royal de Drury Lane est connu pour être hanté par un spectre terrifiant. L'homme, vêtu d'un long manteau gris et coiffé d'une perruque poudrée et d'un tricorne, n'apparaît que lors des premières de pièces vouées au succès !
L'homme en gris, ou Grey, comme il souhaite qu'on l'appelle, aime les pièces de qualité pour une raison bien particulière : c'est quand les gens sont captivés par le spectacle que les esprits enragés nés de leurs sentiments négatifs s'apaisent et se taisent enfin. Le silence, le calme, c'est à cela qu'il aspire ! Des monstres créés par des âmes torturées, il en a vu dans son existence de fantôme. Mais rien ne l'avait préparé à sa rencontre avec Florence Nightingale...
La jeune fille de bonne famille débarque un jour à Drury Lane, avec sur ses épaules l'esprit le plus énorme et le plus terrifiant qu'il ait jamais vu ! Indifférent à son entourage, c'est l'âme de sa propre créatrice que ce dernier réduit en lambeaux à longueur de journée... Plus étonnant encore, Florence voit Grey ! Le pas décidé et le regard triste, elle lui lance une supplique : 'Tue-moi...' Ces mots scellent le sort de ces deux êtres que tout oppose, pourtant liés par un destin plus fort que la mort...
L
a conservatrice du Black Museum de Londres veille sur des pièces de collection bien insolites : toutes ont servies dans des cas d'affaires criminelles sortant de l'ordinaire. Et ce jour, une en particulier suscite l'intérêt d'un visiteur : deux balles fondues, enchâssées l'une dans l'autre et retrouvées sur un siège du théâtre londonien Drury Lane. L'homme semble connaître l'origine mystérieuse de ce curieux objet. En effet, c'est lui-même qui l'a déposé un jour d'avril 1856. Monsieur Grey, cet illustre fantôme jadis maître duelliste, est disposé à se confier à la jeune gardienne, toute ouïe. D'humeur versatile, il commence alors son récit par sa rencontre avec une certaine Florence Nightingale...
L'établissement atypique ouvre ses portes pour la deuxième fois aux lecteurs. Après Springald, alias «Jack Talons-À-Ressort» (chronique tome 1), Kazuhiro Fujita entremêle un duo de destinés a priori improbables mais qui, au travers de son imagination fertile, forme une osmose parfaite. Après un lever de rideau présentant l'exubérant ectoplasme, il incorpore progressivement le personnage de la célèbre infirmière. La narration habile fait évoluer leurs personnalités et les étoffe de par leurs interactions et leurs influences respectives. Le petit bout de femme prend ainsi de l'assurance, s'affirme, tandis que se fêlent le cynisme et le désabusement de Grey. Le cadre historique rigoureux (période victorienne, guerre de Crimée, émergence des soins médicaux) n'empêche en rien la dimension fantastique d'enrichir l'originalité du propos. Loin de la déclamation soporifique, la richesse du texte qui utilise le langage d'époque, est vraiment agréable, avec une pointe d'humour en prime.
L'artiste s'affranchit des codes habituels du manga pour laisser s'exprimer avec panache et expressivité son style baroque. À la fois très travaillé et minutieux dans les arrières plans et les vêtements, il se permet d'aller à l'essentiel et d'épurer son trait pour mettre en avant l'émotion dans les scènes plus emphatiques, convenant parfaitement au contexte.
«La passion s’accroît en fonction des obstacles qu'on lui oppose». Souvent cité dans ce premier tome, Shakespeare n'aurait pas renié ce dénouement hautement tragique qui laisse les deux héros antagonistes, mais liés par une étrange promesse, aux prises avec une troisième figure charismatique bien connue. L'acte final (en septembre) s'annonce grandiose.
Les avis
Erik67
Le 29/10/2020 à 19:31:09
C'est une histoire assez bizarre mais très stylé anglais époque victorienne que voilà. Dans l'ensemble, j'ai bien aimé plutôt bien que cela me tapait un peu sur le système à de multiples reprises car l'exagération est malheureusement toujours présente. De même que le bavardage inutile...
C'est très dense avec un graphisme que l'on ne peut admirer pleinement du fait de petites cases. C'est parfois ennuyeux mais il faut s'accrocher pour découvrir une certaine originalité. Et puis, cela procure tout de même un amusement grâce à une certaine part de mystère qui se dégage de la Lady qui souhaite en finir avec ses jours et qui a passé un marché avec le fantôme de l'opéra ou plutôt du théâtre londonien.