Résumé: Remise en lumière d'une artiste majeure, immense sculpteur, dernière élève de Bourdelle. Une trajectoire solaire qui traverse tambour battant le XXe siècle, en poussant les limites, en questionnant la nature et le vivant, et qui trouve une résonance toute particulière avec notre époque en quête de racines et d'ensauvagement.
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amine, Germaine Richier était fascinée par les sauterelles. Un demi-siècle plus tard, elle expose des représentations de personnages avec de longs membres effilés. Entre les deux, il y a une dame qui, dès son plus jeune âge, rêvait d’être artiste. Ses parents désapprouvent évidemment ce choix, mais elle persiste. Elle déménage dans la capitale et convainc Antoine Bourdelle de la prendre sous son aile. Sa réputation grandit rapidement et ses œuvres sont achetées par les musées et les galeries. Ultime consécration, elle sera la première femme à bénéficier d’une rétrospective au Musée d’Art moderne de Paris. Une bande dessinée lui est dédiée à l’occasion d’une exposition que le Centre Georges-Pompidou lui consacre au printemps 2023.
Laurence Durieu raconte une sculptrice qui, à force de ténacité, trace son chemin dans un monde d’hommes. Sans revendications et hauts cris, simplement en faisant la démonstration de son talent au quotidien, en s'impliquant entièrement à sa pratique. Le titre du livre se montre du reste sans équivoque : Germaine Richier, La femme sculpture. Elle est sculpture et rien d’autre ; c’en est presque troublant. La scénariste présente d’ailleurs très peu la créatrice à l’extérieur de son atelier. Elle aurait pourtant gagné à davantage explorer son entourage et sa vie personnelle pour ainsi apporter un éclairage différent sur les motivations de cette âme rebelle. Le récit de cette existence unidimensionnelle et linéaire apparaît classique et chronologique.
Olivia Sautreuil soutient le projet avec un dessin en noir et blanc. Ses illustrations sont constituées de masses noires, avec à peine quelques taches de couleur vers la fin. Le traitement semi-réaliste ne rend pas justice à l’œuvre, alors que l’album ne parle que de cela. Il est en effet dommage de ne pas voir à quoi ressemblent vraiment les créations de la marginale.
Un parcours professionnel impressionnant, une récit un peu terne.