Info édition : Dossier de 3 pages en fin de recueil.
Noté "Première édition".
Résumé: Une histoire, haute en couleurs, autour d’une passion pour le jazz, d’amours contrariées et de goût pour la liberté.
États-Unis, années 30. Georges Rainette, une grenouille au teint clair, rêve de devenir un grand jazzman. Son nom d’artiste… GEORGES FROG.
Composer implique de longs tête-à-tête avec son
piano, mais tout finit pars’accorder en lui lorsque son regard croise, un jour, celui de sa nouvellevoisine, Cora,la fille de M. Cat. Malheureusement, ce dernier – hostile à cette idylle – décidede déménager… Soutenu par ses amis, Georges reprend,peu à peu, goût à la vie :il accepte de donner des cours de musique, etmême de monter un jazz band !
Il découvre alors la difficulté d’un milieu, d’un sytème social et finit par retrouver Cora. Mais pour elle, acceptera-t-il d’oublier son rêve, au risque de s’oublier lui-même ? La survivance d’un artiste au sein d’un monde codifié dans lequel il lui sera difficile de choisir entre deux passions…
G
eorges Rainette s'est installé à New York pour y suivre des cours au conservatoire. Très vite, il comprend qu'il n'est pas fait pour toutes ces théories, lui ce qu'il aime c'est le Jazz. En écouter, en jouer, en composer... Alors cette fois, c'est décidé il va se lancer. Mais la route de la création, en plus de ne pas être de tout repos, est souvent jonchée d'embûches. Heureusement, entre son voisin, Benny, son ami Harry et son piano - qui parle - et avec l'arrivée de la jeune et belle Cora, le musicien en herbe a de quoi trouver la force et la motivation pour concrétiser son rêve. Avant que la vie ne le rattrape ?
En 2006 Phicil, aidé de sa complice Drac, se lance dans l'aventure Georges Frog, une petite grenouille piquée par le virus du Jazz. Soleil, via sa collection Métamorphose propose les quatre tomes regroupés en intégrale, renommé pour l'occasion Le petit rêve de George Frog. Le tout est agrémenté d'un petit dossier mêlant un bref historique du Jazz, des conseils de lectures pour en découvrir davantage ainsi - et surtout - qu'une liste de titres à écouter avant, pendant ou après.
Les auteurs de Zen et Boule de cuir ont toujours réservé dans leur bibliographie (London Calling) une place à part à la musique et cette série en est le plus bel exemple. La passion, la recherche d'inspiration, le mythe de l'artiste tourmenté, l'amour, l'amitié, etc. au final des thèmes universels et les aléas de la vie peuvent être ainsi abordés. À la manière de ce que propose Renaud Dillies (Mélodie au crépuscule, Betty Blues ou plus récemment Loup) l'utilisation de anthropomorphisme ouvre des possibilités variées dans la caractérisation des personnages. Phicil en joue, s'en amuse, les détourne ou les exagère pour le plus grand bonheur du lecteur. Les deux premiers actes, notamment, sont de véritables invitations au voyage temporel, auditif et visuel. Le décor tout d'abord, un New-York années 30, où la misère côtoie les richesses, la mixité est l'apanage des plus pauvres et où le brassage culturel influe sur la musique et le jazz notamment. Les couleurs choisies par Drac sont pour beaucoup dans l'ambiance désuète et savoureuse qui inonde les planches, des décors aux vêtements en passant par les bouilles dessinées par son compère. Le trait simple et efficace permet d'installer une fluidité de tous les instants et offre une appréciable lisibilité.
Le propos, ensuite. Bien plus sombre que ne le laisserait supposer un rapide feuilletage ; derrière les mignons petits animaux qui se tapent un bœuf plus rapidement qu'ils ne paient les factures, les préjugés raciaux ou sociaux sont présents tout comme les difficultés à joindre les deux bouts. Que l'on soit grenouille française immigrée et pleine de projets ou « sombres » sans le sou du fin fond de la Nouvelle Orléans venus chercher fortune à la ville, la vie s'avère bien plus rude que prévue. Ballotté par les espoirs et les déceptions, chacun devra décider de sa voie : persévérer, revoir ses ambitions à la baisse ou mettre totalement en sourdine ses envie de succès. En plus de la musique, l'amitié et l'amour aussi servent de fil rouge à ce récit, le scénariste de La France sur le pouce met en avant l'entraide plutôt que l'égoïsme pour avancer. Par les choix récurrents qui s'offriront au héros (malheureusement pas toujours inspiré dans ses décisions), Phicil traite du dilemme qui frappe souvent lorsque la réalité - économique - se heurte à son rêve - américain en l’occurrence. Une chronique sociétale qui trouve un bel écho encore aujourd'hui.
Georges Frog est un titre qui mérite, malgré un final légèrement en deçà, amplement cette belle réédition. Clothilde Vu et Barbara Canepa ajoutent ainsi un nouvel OVNI à la collection Métamorphose, auquel les mélomanes ne seront pas les seuls à prendre plaisir.
Les avis
Pulp_Sirius
Le 21/05/2022 à 15:30:59
J'aimerais vraiment pouvoir vous dire que Georges Frog est une petite pépite de la BD, à découvrir d'urgence!
Malheureusement, il n'en est rien.
Dessin -- J'ai toujours aimé les histoires avec animaux anthropomorphes, alors Georges Frog m'a parlé tout de suite. Le dessin est assez sympathique, et j'avoue que c'est ce qui m'a poussé à entamer cette BD. Mais il est simple et, à part pour le style facilement reconnaissable, il n'est pas particulièrement remarquable non plus. C'est mignon, sans plus.
Scénario -- Georges (une grenouille) veut devenir joueur de jazz connu que tout le monde adule! Sur fond d'Amérique en dépression pendant les années 30, c'était une bonne idée. Malheureusement, il ne se passe pas grand-chose. Pauvreté, amours, racisme -- nos personnages déambulent dans cet univers et vivent leur vie, sans que rien ne se produise vraiment. Il manque un accroc pour accrocher le lecteur. Je crois que le quatrième tome est le meilleur par rapport à ça, parce qu'il se passe enfin quelque chose (Georges se trouve un travail et s'éloigne de lui-même et de ses amis). Certains personnages ne me convainquent pas, comme Cora. Au départ, elle approuve la musique de Georges. À la fin, elle la désapprouve. Le changement de perception du personnage n'est pas très bien expliqué. On a l'impression que c'est un raccourci pris par l'auteur pour ramener Georges à Rose. Phicil pousse aussi beaucoup sur le contexte raciste de l'époque, mais en faisant cela il crée des personnages très manichéens, sans réelle profondeur ni complexité. Seul M. Cat, peut-être, échappe à cette règle, mais pour d'autres raisons.
Texte -- Basique. Si au moins il y avait quelque chose d’évocateur, de puissant, de poétique ou de recherché à en retirer, mais non. Rien. Nos personnages conversent entre eux ou avec des instruments de musique, et il n'y a rien de particulièrement frappant dans leurs dialogues. Je trouve même que c'est parfois enfantin. Mais bon, à l'occasion, ça fait sourire.
Conclusion? Le Petit rêve de Georges Frog sera en effet demeuré trop petit. Cet hommage rendu au jazz, qui aurait pu être inspirant, peine à nous faire swinguer. On passera peut-être un moment de lecture agréable, mais on n'aura pas envie de s'y replonger une deuxième fois.
minot
Le 23/08/2017 à 21:55:27
Un trait volontairement naïf, plein de douceur et de tendresse, et une histoire simple mais bien racontée, font de cette bande-dessinée un vrai petit rayon de soleil !
Un récit sympathique qui propose de suivre, dans le New-York des années 30, les péripéties d'une petite grenouille (française, forcément !) partagée entre sa passion pour le jazz et le swing, ses amours compliquées, ses amis plein de solidarité et les difficultés et les affres de la vie pendant la Grande Dépression ...
Le personnage principal de Georges Rainette est plutôt rigolo (en tout cas, on s'y attache très vite), et les autres personnages qui composent ce récit animalier sont tous très attachants. Et outre les rebondissements amusants du scénario, on pourra apprécier quelques trouvailles malicieuses, comme par exemple les discussions entre Georges et son piano, qui m'ont beaucoup fait sourire.