Résumé: La biographie tendre et dense d'une autrice d'exception. George Sand est une figure de l'émancipation des femmes, une vie de libertés, sociale, politique, amoureuse, littéraire...
George Sand est née en 1804, à une époque où dans le code civil, les « débiles mentaux, les mineurs, les criminels et... les femmes » étaient privés de droits juridiques. Elle connut la gloire autant que Balzac ou Flaubert, eut des amants (Musset ou Chopin...) et des maîtresses, changea de nom, divorça, porta le pantalon... Elle aimait la vie, la nature, la politique, la musique et la littérature...
É
crivaine, militante sociale et féministe par défaut, George Sand (1804 – 1876) est une personnalité marquante de la scène intellectuelle française du XIXe siècle. Née Aurore Dupin dans une famille aisée, elle perd très jeune son père et connaît une jeunesse compliquée, envenimée par des relations difficiles avec sa mère. Suivant les conventions de l’époque, elle épouse François Dudevant et fonde une famille. Ce mariage sera également marqué par la discorde et se finira par une séparation, situation vue comme honteuse. Forcée à gagner sa vie par ses propres moyens, elle se met à publier des romans qui rencontrent énormément de succès. En parallèle, elle entretient plusieurs liaisons, s’habille en homme et tient un salon dans sa campagne de Nohant rassemblant artistes et penseurs progressistes. Touchée par les tumultes de son temps (les Révolutions de 1830 et 1848 tout particulièrement), elle développe au fil des ans une sensibilité politique et participe à de nombreuses publications républicaines socialistes. Devenue un personnage de légende à l’aura sulfureuse, elle décède à soixante-douze ans en laissant derrière elle une gigantesque œuvre.
Imposante biographie « à la Catel » (cf. Olympe de Gouges ou Joséphine Baker), George Sand – Fille du siècle dépeint méticuleusement la destinée de l’autrice de La mare au diable et de La petite Fadette. Séverine Vidal et Kim Consigny s’en tiennent aux faits et présentent une femme forte et sensible, décidée à vivre en suivant ses règles personnelles en dépit du qu'en dira-t-on. L’angle féministe est logiquement mis de l’avant, même si c’est plus le progrès général de la société qui guidait la romancière. La cause des femmes lui tenait évidemment à cœur, comme celles pour la démocratie et la lutte des classes.
Très accessible et agréable à parcourir, l’ouvrage se montre solide et globalement complet. Le défilé des « stars » est incessant : Alfred de Musset et Frédéric Chopin en premier lieu - les deux idylles les plus marquantes -, mais aussi Alexandre Dumas fils, Marie Dorval, également son amante et, à la fin de sa vie, le fidèle Gustave Flaubert, sans compter toutes les autres célébrités qui sont évoquées au détour d’une case (Victor Hugo, Napoléon III, etc.). Cette parade d’artistes souligne bien l’importance qu’avait prise George Sand dans le paysage culturel. Le côté cour de son existence n’est pas oublié et les innombrables querelles familiales (avec sa mère, plus tard avec sa fille ou d’anciennes flammes) permettent de compléter ce portrait probant d’une individualité aussi imperturbable en façade qu’infiniment fragile et humaine en privé.
Dessins au trait simple et efficaces, mise en scène allant à l’essentiel, quelques extraits de textes bien choisis marquant les chapitres, George Sand – fille du siècle est une lecture intéressante illustrant avec efficacité et précision la trajectoire d’une des grandes figures littéraires françaises.