C
inq ans après la chute de la bombe sur Hiroshima, la vie reste difficile pour Gen et ses amis. Son grand frère parti fonder son propre foyer et sa maison démolie, le garçon perd bientôt Natsue, emportée par le cancer qui la rongeait. En allant déposer ses cendres dans le tombeau familial, Gen rencontre un homme qui va changer son existence : Amano Seiga, un peintre. Engagé avec celui-ci pour dessiner des affiches, il développe rapidement son talent….
Quasiment autobiographique, Gen d’Hiroshima permet à son auteur Keiji Nakazawa d’apporter un témoignage aussi poignant que mordant sur le désastre d’Hiroshima, ses suites et les séquelles qu’il a engendrées, ainsi que sur la vie durant l’après-guerre. Il y dénonce l’occupation américaine, la pénurie qui n’en finit pas, l’essor de la pègre, la censure ou l’incurie des médecins qui se préoccupent plus d’observer les conséquence de la bombe atomique sur l’organisme de leurs patients que de les soigner. Le tout est porté par un humour noir, un cynisme cinglant et une exagération qui parfois mettent mal à l’aise. Car les passages du rire aux larmes, les pitreries et autres prouesses scatologiques de Gen, de Ryûta et des autres ne suffisent pas à décrisper le sourire qui s’était ébauché. On rit jaune face à cette volonté de vivre et à ces impertinences chargées de révolte.
Dans ce neuvième volume se déroulant entre décembre 1950 et avril 1951, le lecteur retrouve les deux aspects omniprésents dans la série. D’un côté est évoqué le contexte national et international avec le début de la guerre de Corée et le départ du général Mac Arthur, diversement accueilli par les Japonais. De l’autre, les maux latents liés aux irradiations, les vexations et les jalousies rappellent que le quotidien de Gen et de sa bande est loin d’être sans nuages. La rencontre avec le peintre prend alors une dimension toute particulière car elle représente un espoir pour le héros et préfigure le futur de l’auteur.
Gen d’Hiroshima est une série à lire bien qu’elle puisse en déstabiliser quelques-uns. Son neuvième volet est aussi bon que les précédents et c’est avec impatience qu’on attend le dixième et dernier tome.