Résumé: Japon, aux alentours de 1912. Setsuko Tsuda a 8 ans quand ses parents quittent leur village pour la grande ville côtière, dernier espoir d'une vie meilleure. Son père, vieillissant, est un ancien samouraï qui boit trop pour oublier la dissolution de sa caste au début de l'ère Meiji. Sa mère, qui était sa jeune servante avant de l'épouser, en veut terriblement à ce raté qui lui promettait monts et merveilles et qui lui mène une vie pire que celle de boniche. Les premiers mois sont prometteurs jusqu'à ce que son père se fasse renverser par un tramway, perde une jambe et toute chance de retrouver du travail. Un soir, il prend la décision de vendre Setsuko à une maison de geisha réputée, l'okiya Tsushima. L'argent reçu en échange de l'enfant aidera la famille, et Setsuko pourra espérer un avenir meilleur. Car être vendue à une okiya de premier rang est considéré comme un privilège. Elle partage désormais son temps entre l'école de geisha, où les jeunes filles apprennent à marcher, danser, chanter... et les corvées de l'okiya. Les premiers mois d'apprentissage sont difficiles. Et le risque majeur pour une apprentie geisha qui échoue est de finir comme servante ou prostituée... Heureusement, Setsuko se réfugie dans le jeu du shamisen, cette guitare à trois cordes qui accompagne le chant des geisha et dont la mélopée peut s'avérer des plus envoûtantes quand on en joue divinement.
A
u début du XXe siècle, il n’y a pas d’avenir pour les samouraïs comme Katsuiro, surtout s’ils sont vieillissants et portés sur la bouteille. Désirant sortir de sa misère, il migre vers la ville avec sa famille, mais la vie n’y est pas plus rose. Dans une ultime tentative pour tirer son épingle du jeu, il vend Setsuko, son aînée âgée de huit ans, à une okiya où elle sera formée pour devenir geisha. Si elle échoue, les options sont restreintes : prostituée ou servante. La fillette n’étant pas très jolie et peu douée pour le chant et la danse, sa carrière de courtisane est loin d’être assurée, jusqu’à ce qu’on reconnaisse son don pour le shamisen, un instrument de musique à trois cordes.
Le personnage central est attachant. À travers son expérience, le lecteur découvre l’envers du décor d’un univers déjà mystérieux. Un monde finalement assez complexe où se côtoient maquerelle, dames de compagnie, apprenties, boniches et putains. Le côté documentaire de l’entreprise prend d’ailleurs le pas sur l’histoire de l’héroïne. Le scénariste Christian Perrissin a de toute évidence réalisé une vaste recherche avant d’écrire ce livre qui semble avoir pour objectif de rétablir certains faits déformés par militaires américains au retour de la guerre. Ce premier tome lui ayant permis de bien planter le décor, il est à souhaiter que la deuxième partie se concentre sur le destin de la musicienne.
Le dessin de Christian Durieux est à l’avenant. Les illustrations sont pour la plupart très belles ; les jeunes femmes et les cerisiers en fleurs sont magnifiques. L’artiste a fait le choix du noir et blanc. Une mise en couleur, par exemple à l’aquarelle, aurait pu rendre l’ensemble exceptionnel. Les auteurs admettent avoir cherché à pasticher l’esthétique du cinéma nippon des années 1930, le bédéphile a pour sa part l’étrange impression qu’à l’occasion, des photos ont été redessinées.
Comme à l’habitude Futuropolis réalise un excellent travail d’édition ; papier de qualité, reproduction impeccable et même une bibliographie en fin d’album.
Un reportage un tantinet académique mais néanmoins intéressant sur le milieu des geishas.
Les avis
Saint -Jean
Le 18/05/2018 à 20:38:29
Pour ceux qui hésitent: ben c'est pas un album qui passionne. Le scénario est plutôt de type lent mais l'ouvrage est bien historié. On y apprend beaucoup de choses quant au monde mystérieux des Geisha (y compris des expressions en Japonais). Le dessin est réussi.
jojo74
Le 15/05/2017 à 19:52:07
une belle découverte , une très belle histoire survit par un très beau dessin, vivement la suite! on en apprend beaucoup sur le fonctionnement et la vie des Geishas!