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uoi de neuf du côté de Gantz ? La série imaginée par Hiroya Oku est de nouveau sous les feux des projecteurs. Après un sérieux coup de mou, mais aussi de lassitude liée une forte impression de répétition et de corde un rien usée, les aventures du groupe de chasseurs d’aliens, recrutés après leur trépas par une mystérieuse créature abritée dans une boule noire, a retrouvé un deuxième souffle à l’approche supposée de sa conclusion (le tome 31 est sorti en novembre en France). La version cinéma intitulée Au commencement, basée sur les huit premiers recueils publiés chez Tonkam, est sortie direct-to-DVD chez nous à la rentrée et une suite, Révolutions, pointe son nez ces jours-ci. Avant Minus, le roman-prélude (quels poètes !) annoncé aussi prochainement, voici donc Gantz Osaka, spin off en bonne et due forme, et en tout cas en grand format.
L’histoire ? Simple, évidemment, puisqu’une fois encore l’action prime et que la « morale » est énoncée avec une finesse pachydermique digne de l’allure des boss de fin de niveau présent à chaque coin de rue. La troupe tokyote se trouve téléportée à Osaka où la situation ne ressemble pas à celle de la capitale. Des créatures monstrueuses déciment la population locale et une faction, vêtue de combinaisons identiques aux leurs affrontent ces envahisseurs. Rapidement, une différence de taille apparaît : les tueurs de monstres adoptent un comportement aussi barbare que ceux des extra-terrestres. Voilà LA nouveauté : ces types ne luttent pas pour la survie de l’espèce mais pour accumuler les points reçus pour l’élimination des abominations venues d’ailleurs (qui prennent souvent l’apparence de figures légendaires ou mythologiques) et pour le plaisir que leurs actes leur procure. Aussi dans l’espoir de ressusciter lorsque le score fixé sera atteint ? Probablement, pourtant quelle importance par rapport à la jouissance ressentie sur l’instant ? Dans un théâtre de bruit, de fureur, de tripes et de sang, les deux groupes de guerriers urbains risquent de s’affronter… Au fait, ont-ils le même commanditaire ?
Que les fans absolus vibrant depuis la première heure, se rassurent, ils en auront pour leur argent : le quota propre à la série en matière de gore, de figures hideuses et de galbes mis en valeur est respecté. Si le cœur leur en dit, ils pourront même s’offusquer de leurs abjects condisciples dessinés, voire avoir envie de claquer la jeune et jolie cruche qui découvre, telle une poule devant un scooter, qu’on peut adopter un comportement plus respectueux à l’égard de son prochain.
Du point de vue de la présentation, ils seront plus gâtés que d’ordinaire avec un format plus grand, une couverture stylisée dotée d’une large jaquette. Le pavé, premier d’une série de trois, approche les trois cent soixante-dix pages et pèse ses 1.060 grammes. À la sauce Tokyo ou Osaka, la recette varie peu ; du manga roboratif qui cale et qui rassure dès la première bouchée car chacun des ingrédients, épices comprises, est bien connu. Que le chef en ajoute un de temps en temps ne changeant finalement pas grand-chose à ses propriétés gustatives ou caloriques. On grimace bien un peu, on fait mine de culpabiliser mais on y revient régulièrement.