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ix ans avant l'explosion de la BD autobiographique et quelques lustres de plus avant L'atelier Mastodonte, Christian Darasse et Bernard Hislaire avaient eu l'idée de raconter en mode pseudo-réaliste la vie de leur association artistique commune. Humour, caricatures, clins d’œil : Le Gang Mazda était né. Au-delà de l'autodérision, la série levait également le voile sur le quotidien des auteurs de bande dessinée et montrait la passion de créer ainsi que le doute devant la page blanche. Après trois tomes (qui composent le premier volume de cette intégrale), Hislaire lâcha l'affaire, tandis que Darasse décidait de continuer l'aventure, dans un premier temps en solo, puis avec un nouveau scénariste, Philippe Tome.
Dans les quatre albums qui naîtront de cette collaboration, le co-créateur du Petit Spirou apporta sa propre expérience du travail en studio et élargit ce petit univers en y ajoutant quelques personnages particulièrement truculents dont Thierry Tinlot, le nouveau rédacteur en chef de Spirou à ce moment. Ce dernier, surnommé Le Boss, connût même son propre spin-off à succès réalisé par Zidrou et Philipe Bercovici !
Aujourd'hui, cette pseudo-chronique marque son âge. Le rythme, certains gags et le design général sont un peu passés, voire désuets. De plus, « coincé » par une thématique adulte (des trentenaires, les copines, le surmenage, etc.) développée dans un cadre jeunesse, le scénariste ne pouvait vraiment exploiter toutes les situations. Le ton reste bon enfant, mais un peu par dépit. Au final, Le Gang Mazda demeure un portrait amusant et décalé du début des années quatre-vingt-dix que les bédéphiles nostalgiques retrouveront certainement avec plaisir.