L
es tournois du dôme de la "somptueuse" cité d'Armon Zurath ne sont plus ce qu'ils étaient. Depuis que Ganarah a été bannie, ils sont devenus le théâtre de parodies de combats, piètres prestations au cours desquelles des guerriers à la petite semaine s'affrontent. Le public n'est pas dupe et s'ennuie. Mais Muyn Vaulx, champion de l'arène de Yargevil, est attendu pour redonner le faste d'antan à ces joutes sanglantes. Arrivera-t-il jusqu'à la cité ? Ganarah reviendra-t-elle ? Qui est cette jeune fille, tantôt innocente, tantôt bête féroce ?
Le décor de carton pâte est planté. Dépêchez vous d'en profiter car ce type de support résiste très mal au poids des années. Le papier re-mâché vieillit moyennement bien, c'est connu. Car à bien y regarder, Ganarah est un agglomérat de composantes de l'heroïc fantasy dans ce qu’elle a de moins palpitant scénaristiquement parlant. Pour le retour à l'écriture de Fabrice Meddour, on attendait autre chose car ces jeux du cirque mâtinés de super pouvoirs ne prêtent malheureusement qu'à rire.
Le dessin semble avoir atteint un point de non-retour dans la banalité. On regrette évidemment l’audace d'un dessinateur qui avait su trouver son style propre et original avec sa première série, Hispañola. Il se contente d’œuvrer dorénavant dans un registre banal et sans relief, seulement "pas désagréable à regarder". Au point de s’interroger sur les motivations réelles pour se fondre dans un moule ordinaire dans lequel d’autres se sont perdus.
L’autre interrogation porte immanquablement sur la pertinence d’un éditeur de signer ce type de série. Depuis quelques temps, la tendance pour les éditeurs vise à ouvrir leur catalogue en multipliant les collections thématiques qui étaient le signe distinctif du concurrent. On élargit la palette, on multiplie les signatures et puis on relève les filets, pour voir. Croit-on décemment que le « coup » Lanfeust est encore jouable 10 ans après, pour ne s’en tenir qu’au registre de l’heroic fantasy teintée d’humour ? On pourra toujours prétendre que le lecteur se fiche du sceau apposé sur la couverture et que c’est le genre (ou l’auteur) qui l’attire avant tout. Soit, mais si l’attrait de la nouveauté et de l’originalité n’est pas là alors il faut pouvoir compter sur une qualité sans faille pour restaurer la confiance de l’acheteur. Souvent, on est loin du compte.
Ganarah est un parfait exemple de ratage complet qui risque pourtant de passer inaperçu face à la multitude des projets sans plus d’intérêt. Les principaux perdants ? Les lecteurs de la première heure de Fabrice Meddour. Elle doit se sentir bien seule, Jim, à la recherche du grand silencieux…