Résumé: Benvenuto est sorti des geôles ressiniennes et il est accueilli en héros à son retour au pays. Profitant de sa convalescence, il observe à distance les complots menés par son maître, le machiavélique Podestat. En surface, le calme semble être revenu à Ciudalia. Mais la tempête approche, Benvenuto le pressent. Bientôt, seuls ses instincts d'assassin pourront lui sauver la vie.
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acheté à Ressine contre rançon, Benvenuto Gesufal débarque à Ciuadalia qui ne manque pas de le célébrer en guerrier héroïque. Mais de louange, le reître n’a que faire. Il a la gueule cassée, le corps plus qu’abimé et il lui faut bien trop tôt à son goût essuyer les moqueries de Clarissima, la fille de son employeur, et celle du fat Dilettino, rejeton des Schernittore, l’allié de toujours. Forcé au repos, le bretteur ronge son frein et enrage. Un rien suffirait à le faire exploser au risque de compromettre les plans tortueux de don Ducatore. S’il veut survivre aux remous qui approchent, Benvenuto devra savoir plus que jamais danser au bout du fil qui le retient.
Troisième volet de l’adaptation en bande dessinée de Gagner la guerre, Ma mère patrie possède les mêmes qualités que les opus précédents. Frédéric Genêt suit au plus près la brillante intrigue imaginée par Jean-Philippe Jaworski. Le retour du principal protagoniste dans sa cité est l’occasion d’observer les manigances qui s’y trament et de mesurer la complexité des intérêts et des relations entre les différents camps. Sur ce terrain propice aux nombreuses possibilités, l’action et les rebondissements ne manquent pas. Au contraire, ils s’enchaînent, menant un Gesufal circonspect toujours plus près du précipice. L’état d’esprit du séide est également largement mis en lumière et il n’est pas difficile de se sentir aussi exaspéré que lui par les piques reçues de part et d’autre. Par le truchement de l’horripilante Clarissima, le propos s’attarde également un peu sur la jeunesse de l’épéiste, ce qui permet de mieux appréhender certains de ses choix et de ses aptitudes.
Portant le récit, le graphisme se révèle globalement de bonne facture et offre des plans variés, ainsi qu'un découpage lisible. Alors qu'une scène de bagarre dans une rue étroite sous la pluie rend plutôt bien, les autres décors - vues de la ville ou intérieurs palatiaux - restent malheureusement un peu chiches. Enfin, si chaque personnage s'avère bien caractérisé et est facilement reconnaissable, il est dommage que les expressions et mimiques paraissent parfois forcés et enlèvent de ce fait un peu de crédibilité.
Reposant sur un récit bien ficelé et riche en surprises, ce tome trois constitue une lecture plaisante qui tient en haleine de bout en bout.
Lire la chronique du tome 2.
Les avis
Touriste-amateur
Le 16/03/2022 à 15:27:28
Pour moi, le moins réussi des trois premiers tomes. Beaucoup de longueurs, les débats au palais curial sont longs et inutiles. Eventuellement, ça me rappelle les "Questions au gouvernement" ou autres, sur la chaine "Public Sénat"!
J'espère que la série se terminera rapidement avec un beau final, car ça s'étire inutilement.
Saigneurdeguerre
Le 05/04/2021 à 23:54:37
Ah, Don Benvenuto ! Comme tu portes mal ton nom puisque tu ne sembles guère être le bienvenu à ton retour à Ciudalia !
Tu as vraiment une sale gueule. Des cicatrices partout. L’empoisonnement et le passage à tabac que tu as subis ont laissé des traces. Tu n’es pas sorti indemne de ton séjour chez les Ressiniens
Oui, bien sûr, tu t’attendais à pire vu que tu as tout de même assassiné Bucefale Mastiggia. Mais shuuut ! N’est-ce pas là le rôle d’un membre de la Guilde des Chuchoteurs que d’assassiner ?
Tu as été très surpris d’être reçu en héros. Même le père Mastiggia t’a embrassé puisque son fils est mort dans tes bras… Enfin, ce qui importe c’est ce que les gens croient et non ce qui s’est passé.
Et puis, quel magnifique accueil de la part de ton employeur, Leonide Ducatore, celui pour qui tu as rempli cette mission très secrète… Et sa fille ? Que te veut-elle ? Pourquoi te tourne-t-elle autour ? Encore des emmerdes en perspective…
Critique :
Voici déjà, ou « enfin », c’est selon, le troisième tome de « Gagner la Guerre ». On retrouve un Benvenuto en piètre état, amaigri, affaibli, pratiquement sans dents, ayant perdu de sa souplesse, et les réflexes amoindris. Un homme qui ne souhaite qu’une chose : qu’on lui foute la paix ! Pas de bol ! Il va avoir droit aux honneurs et aux emmerdes, mais à aucun moment à la tranquillité à laquelle il aspire tant.
Les protagonistes sont nombreux et ne rendent pas cette histoire compliquée facile à suivre surtout que leurs noms se ressemblent tous. Et vas-y que je te donne du « don » par-ci et du « donna » par-là…
Pas de combats dignes d’un soldat, mais quelques rixes. L’essentiel du scénario repose sur la diplomatie (façon élégante de parler des coups-tordus et des assassinats).
Une histoire qui se termine par… la nécessité de patienter jusqu’à ce que l’album 4 soit disponible.
Genêt tire profit de l’histoire écrite par Jaworski. C’est lui aussi qui dessine. J’ai le sentiment que ses dessins sont moins fignolés que dans les albums précédents. J’ai parfois l’impression de contempler des esquisses dans certaines cases plutôt qu’un dessin achevé. Pas facile pour Genêt de tenir le rythme vu qu’il porte tout sur ses épaules, même s’il bénéficie de l’aide d’Annelise Sauvêtre pour la mise en couleurs.
Un conseil : relisez le tome 2 si vous voulez comprendre le tome 3…
bd91130
Le 06/03/2021 à 13:34:32
Décidément... j'accroche vraiment bien à cette série, qui est pourtant loin de faire l'unanimité au vu des avis publiés ici.
Ce tome 3 est d'une facture un peu moins flamboyante au niveau dessin, pas de grands décors somptueux, architecturaux ou maritimes, davantage de scènes d'intérieur, une mise en page plus classique. Mais pour un scénario et des dialogues très denses, un rythme soutenu sans être bâclé, des personnages souvent bien approfondis. Intrigues et manipulations à tous les étages.
Moi, je me suis régalé !