Depuis avril 2005, Dominique et Alain Robet nous entraînent dans le sillage de leur héroïne Gabrielle Baubriand, jeune femme corsaire de la Ière République. Naufrages clôt avec brio le premier cycle de ses aventures.
Originaire de Granville en Normandie, la belle et intrépide Gabrielle n’a eu de cesse de tenter de découvrir l’identité de l’assassin de son père, tout en participant aux actions politiques de la toute jeune Ière République. N’est-elle pas devenue, presque malgré elle, l’espionne du jeune Bonaparte en déjouant le complot ourdi par Cadoudal, le dernier des grands royalistes ?
Ce troisième opus de la série nous permet de retrouver Gabrielle en Angleterre. Évadée des geôles britanniques, trahie par l’infâme Masque d’Argent à qui elle avait donné sa confiance, Gabrielle erre dans les landes du Devon en quête d’un refuge… qu’elle finira par trouver chez un étrange personnage aux troubles agissements. L’homme, voleur de poneys de surcroît, ne fricote-t-il pas avec une bande de naufrageurs ?…
Alliant aventure avec un grand A et récit psychologique, les auteurs signent ici le meilleur tome de leur série. Dominique Robet, scénariste inspirée, développe une intrigue riche, fourmillante de non-dits, de trouvailles scénaristiques et de fausses pistes entraînant le lecteur là où elle veut le mener… Pour sa part, Alain Robet développe un découpage percutant, rythmé, moderne tout en truffant sa mise en scène de références historiques et académiques. Zéro reproche au final : l’album est magnifiquement abouti.
« Tous les ingrédients du roman populaire et de la bande dessinée classique d’aventure sont ici réunis : naufrages, duels, complots, trahisons… » déclare Emmanuel Proust, éditeur de la série. Certes, mais il ne s’agit pas que de cela : l’inventivité du scénario allié à un graphisme faussement classique font de Gabrielle B. une série intelligente, riche d’enchevêtrements narratifs et d’images réussies, qu’il faut prendre le temps de lire. Une trilogie à apprécier dans sa complexité.