Résumé: 7 décembre 1941 : alors que Pearl Harbor pousse les États-Unis à entrer en guerre contre le Japon, le jeune psychiatre Alan Cole exerce à l'hôpital de San Diego. Exempté de conscription, il décide toutefois de s'engager sous la pression de son futur beau-père, général à la retraite qui ne donnera sa fille qu'à « un homme, un vrai »... C'est ainsi qu'Alan va se retrouver à examiner tous les nouveaux marines, avec pour objectif d'écarter ceux dont le comportement pourrait nuire à la cohésion des troupes : délinquants, alcooliques et surtout les homosexuels, considérés à l'époque au mieux comme des malades mentaux, au pire comme des criminels. Mais Cole, en rencontrant, Merle Gore, jeune GI plein d'assurance, va en tomber amoureux... Ensemble, Alan et Merle devront non seulement survivre aux offensives des Japonais mais également aux purges anti-homosexuelles de l'armée US !
Après le succès international de La Bombe, Alcante traite un sujet tout aussi universel, où il déploie son sens du récit et du détail historique, aidé par le trait doux mais efficace de Bernardo Muñoz.
L
e 20 septembre 2011, à Laguna Beach en Californie, une équipe de reporters interviewe Alan Cole. Ce vieil homme, ancien psychiatre s'étant engagé à servir dans l'armée assiste de chez lui à l’abrogation de la loi "Don't ask, don't tell" qui interdisait aux homosexuels de s'engager dans l'armée.
1941, après l’attaque de Pearl Harbor, les USA recrutent. Sous la pression de son beau-père, un ancien général résolument viriliste et conservateur, Alan devient examinateur pour les nouvelles recrues voulant servir sous les drapeaux. Sa mission est simple : trier, sélectionner et mettre au ban les "mauvais éléments". Par cela, il faut avoir à l'esprit que les minorités sexuelles sont interdites dans l'armée par la loi. Ce travail met mal à l'aise le jeune médecin, d'autant plus qu'il cache sa véritable inclinaison à tous, pensant que son mariage à venir sera une bonne chose. C'est la rencontre avec l’exubérant Mele Gore qui va l'amener à s'accepter, non sans mal, dans la société puritaine des années quarante.
Habitué des récits historiques, Alcante signe avec G.I Gay un récit sous la forme d'un témoignage fictif, pour révéler ou rappeler l'existence d'une loi de ségrégation sexuelle peu connue du grand public. C'est par hasard qu'en 2009, le scénariste tombe sur un article de presse relatant que le président B. Obama s'engagea à intervenir pour abroger le Don't ask, don't tell. Durant des années, ce texte a contraint des milliers d'homosexuels à devoir se cacher s'ils voulaient combattre ou travailler dans les rangs de l'armée américaine. Le cadre temporel, la Seconde Guerre mondiale, est pertinent car il correspond au moment où la pression sur les homosexuels était la plus forte. "Soignés" à coup de thérapie électrique dans les hôpitaux psychiatriques, quand ils n’étaient pas simplement jetés en prison, les gays ont terriblement souffert.
Le second conflit mondial s'inscrit en arrière-plan pour suivre les troupes étasuniennes, du recrutement jusqu'aux combats sur le front. L'auteur utilise ce matériau tragique pour bâtir une intrigue dans laquelle deux personnages vont se rencontrer et s'aimer en dépit d'un contexte où le danger peut venir de l'intérieur comme surgir de l'extérieur. L'idée est intéressante, mais le duo n'échappe pas à une forme de stéréotype. Les lecteurs suivent d'abord un médecin timide et sous pression, soucieux de rester sous les radars. Mele, la tête brûlée, se cache de moins en moins et fait office de mentor pour Alan qu'il invite à assumer son orientation sexuelle.
Les dessins de Bernardo Muñoz sont réalistes. Il fait passer une large gamme d'expressions sur les visages, ce qui contribue aux moments d'émotion qui jalonnent l'album. Le découpage est précis et varié, allant du classique à la pleine page (soldats marchant dans la jungle avant de se faire mitrailler au titre des réussites), voire audacieusement métaphorique (l'impact sur un glace ; dans chaque impact se trouve des moments vécus par Alan). A noter, le retour en quatre strips sur l'interview du début d'album pour un résultat saisissant.
Servi par d'élégants dessins, G.I Gay est un récit rappelant une réalité historique probablement oubliée et surtout ignorée, avec une dose de bons sentiments et d'émotions.
La preview
Les avis
Erik67
Le 11/05/2025 à 08:25:43
C'est une BD qui relate le traitement des homosexuels par l'armée américaine durant la Seconde Guerre Mondiale. Certes, dans l'armée russe, cela aurait été une balle dans la tête mais on peut également dénoncer le comportement des états démocratiques par rapport à leur minorité même si elles font preuves de patriotisme en allant combattre l'ennemi.
On voit également que plus de 80 ans après, l'actuel locataire de la maison blanche fait preuve également d'homophobie affichée. On se dit que les choses n'ont pas vraiment changé au niveau des mentalités...
J'aime beaucoup l'auteur Alcante depuis ses débuts. Il s'attaque à un sujet difficile et le fait avec beaucoup de délicatesse. Il s'agit de raconter la romance tout à fait plausible entre un jeune médecin et un jeune engagé au début de la guerre dans le Pacifique. On verra malheureusement toutes les brimades et les sanctions subies par les soldats du fait de leur orientation sexuelle.
Il faut savoir que l'homosexualité a été proscrite dans l'armée américaine qu'en 2014 mais les sanctions et les discriminations ont quand même continué après. Le Président Biden a tout de même réussi à gracier des milliers de militaires injustement punis. C'est quand même assez écœurant dans le fond.
Le dessin de Munoz est vraiment parfait pour ce type de récit. Il reste sur un style réaliste qui donne de la crédibilité. On lit bien les émotions dans les regards des personnages. Encore une fois, on peut dire que la prestation délivrée relève du grand art.
Je suis pour la diffusion d'une telle BD afin de faire évoluer les mentalités. Peut-être également celle de mon voisin de bureau qui blaguait sur les folles et les tantouzes alors qu'on peut très bien être un homo viril. Cela m'a d'ailleurs profondément choqué car cela ne va pas dans le respect des minorités qui est un élément clef de la stabilité d'une démocratie. Je serai toujours également du côté de la lutte contre le racisme, la discrimination et l'intolérance.
Touriste-amateur
Le 27/12/2024 à 11:22:10
J'ai eu du mal avec cette BD! Je ne suis pas vraiment entré dans l'histoire, tant ça me semble décalé par rapport aux images que l'on peut se faire de l'homosexualité, de la guerre et de ses officiers obtus. Autant de sujets qu'approchent les auteurs mais qui m'ont perdu car c'était trop.
La relation entre le G.I. farfelu et cet officier psychiatre, rigide mais dévoué à ses patients, me semble peu crédible, tout comme la manière dont ce dernier fait son coming-out.
Je me doute qu'il y a eu de la souffrance à cette époque chez les gays de se trouver ostracisés, mais pas sûr que cet album, avec ses défauts, serve bien cette cause.