Résumé: Après avoir visionné ensemble un film d'horreur, Furious Jumper invite Edith à le rejoindre au camping virtuel de Lead Lake, où séjourne leur ami Overspes. Mais vont-ils tous survivre une nuit entière dans cet endroit sombre et dangereux ? Car un à un, les vacanciers disparaissent autour d'eux. Alexandre et ses compagnons vont devoir tenir jusqu'au petit matin... sans mourir de peur !
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our connaître Furious Jumper, il faut soit être jeune, soit assez âgé pour avoir des enfants qui le connaissent. Il est difficile d'échapper à ses vidéos où il explore des maps Minecraft ou Roblox, les commentant avec un style assez percutant. Cumulant les vues par millions, il n'est pas étonnant qu'il cherche à se diversifier et exploiter au maximum sa notoriété, tant qu'elle est vivace. Il commercialise des t-shirts, des hoodies... et, depuis peu, cette série BD. De tout temps, il y a eu des produits de ce genre, au succès variable et à la durée de vie éphémère. Qui se rappelle des bandes dessinées consacrées à Éric Thomas (qui s'en souvient ?), Michel Courtemanche (gné ?). Il existe même des titres qui capitalisent sur Bigard, Dieudonné ou la chienne de Michel Drucker (par Jean-Pierre Gibrat, pas encore en sursis)
Alors, pourquoi pas à un youtubeur ? La réalisation est confiée à Jean-Christophe Derrien (remarqué pour Miss Endicott et qui signe également des adaptations de Fuze & Didier ou encore Frigiel & Fluffy) et Emmanuel Nhieu, un habitué du catalogue Soleil. Il s'agit donc d'un produit fait avec sérieux. Mais est-ce suffisant pour produire un album de qualité ? Les vidéos qui assurent la popularité de Furious Jumper reposent sur ses commentaires souvent délirants et gentiment hystériques. Mais comment traduire cela en bandes dessinées ? Les auteurs n'ont clairement pas trouvé la formule. Ils livrent un scénario assez banal, dans lequel le gamer, son amie Édith et un de leur pote, Overspes, explorent une map inspirée de films d'horreur. Ils se retrouvent dans une simulation qui multiplie les clichés : le camping paumé, un historique de crimes sauvages et inexpliqués, une galerie de personnages qui moquent les pires lieux communs du genre. Avec un ton qui rappelle Scooby-Doo, l'intrigue vaguement méta avance, sans réel intérêt et que dire de la valeur ajoutée à peine perceptible d'un people, sympathique au demeurant, mais sans épaisseur ni charisme. En fait, certaines idées fonctionneraient dans le contexte d'une vidéo, avec l'excitation qu'il réussit à créer, mais au calme d'une lecture, elles tombent à plat. Par contre, il est surprenant de ne trouver que très peu de références geek ou directement tirées des univers qu'il explore dans ses capsules.
Ouvrage opportuniste, qui tente malgré tout de faire preuve d'application, ce Pire Camping n'est finalement qu'un livre sans saveur, dont la réimpression future ou les spéculations sur l'EO dans le BDM ne semblent guère plausibles. Qu'en sera-t-il de la vie d'Alexandre Poittevin, une fois sa carrière numérique terminée ? Difficile de le présager, toutefois, il est peu probable que cette bande dessinée survive plus qu'une rentrée éditoriale.