Y
ves Fréhel est toujours maintenu dans le coma, mais ses ennemis ne parviennent pas à lui faire revivre les événements qui les conduiront à la formule de sa substance révolutionnaire. Ils décident alors de lui donner la personnalité d’un banal producteur de DVD qui rêve de la mort d’Yves Fréhel…
Après deux tomes franchement insipides sur le thème du brouillage réalité-fiction entrepris par des méchants scientifiques dans le cerveau de leur gentil et génial collègue, on finissait par se demander comment Rodolphe allait sortir cette histoire de l’encéphalogramme plat très en phase avec le coma dans lequel est plongé son héros. Comme l’action pure n’est pas le point fort du scénariste et qu’on imagine mal Marchal musclant son dessin très impersonnel avec force explosions et cadrages audacieux, c’est par des révélations cruciales que le regain d’intérêt doit s’opérer.
Ne bousculons pas un lecteur convalescent, engourdi après 100 pages de Novocaïne : c’est tranquillement installé dans un fauteuil sur une terrasse de chalet qu’Yves Fréhel va expliquer à un ami le pourquoi de ces événements, et encore, avec l’air de commenter sans passion les cours de la bourse. Le rythme cardiaque ainsi emballé, c’est probablement le claquage consécutif à un haussement de sourcil que nous risquons, en découvrant que c’est tout simplement l’avenir de l’humanité qui est en jeu.
Autant la bienveillance restait de mise quand il s’agissait d’un polar techno gentillet sans envergure, autant ce genre d’ambition propulse au rang peu enviable de nanar de l’été une série totalement anonyme. De fait, les imperfections narratives (Rodolphe s’embrouille visiblement lui-même entre le rêve et le réel) et les ficelles archi-connues (réveil d’un songe en cas d’impasse scénaristique) passent presque inaperçues tant le décalage est grotesque.
On en aurait presque oublié qu’il y avait un quatrième tome à venir, mais l’envie de vérifier jusqu’où le bouchon sera poussé prendrait presque le dessus sur celle de tirer un trait définitif sur ce ratage. Effectivement, l’intérêt est relancé, mais pas forcément dans le sens espéré.