Résumé: Et si le travail, qui selon l'ancien adage devait nous préserver de tous les vices, était devenu le révélateur de nos comportement les plus vils ?
Alors que le discours ambiant tend à nous faire croire que la lutte des classes a disparu, il reste encore et toujours des hommes et des femmes qui partent au front de la guerre économique. Guerre dont on n'a pas fini de compter les victimes.
Le livre de Jonathan Larabie nous raconte le quotidien d'un de ces combattants ordinaires, Max, qui travaille dans un bureau de poste, coincé entre les brimades des petits chefs et les blagues des collègues un peu beaufs.
Rien ne semble pouvoir troubler le quotidien morose de Max et de ses collègues, jusqu'à l'arrivée d'un nouveau conseiller financier, une petite main de plus, un petit soldat qui a le tort de croire vaguement à ce qu'il fait, et qui exacerbe les aigreurs et les ressentiments de ses compagnons de labeur. Relations de pouvoir, soumissions, jeux de séduction, toute cette pourriture régit ici un système où des victimes consentantes peuvent devenir des bourreaux résignés.
Larabie dresse dans un dessin sobre le portrait acide du monde du travail où emploi précaire allié à des tâches répétitives et lassantes mène à l'aliénation totale.
Front nous rappelle que l'origine du mot travail est " tripalium", soit instrument de torture en latin.
Front est le genre de BD assez militante mais sans aller jusqu’au fond des choses. C’est plutôt l’évocation d’une tranche de vie d’un groupe de collègues travaillant pour La Poste entre le courrier et l’agence bancaire. Cela commence d’ailleurs par une critique assez acerbe de ceux qui votent le Front (d’où le titre). Par contre, on ne dira rien sur ce qui a conduit ces gens à glisser dans l’urne le bulletin de vote d’un tel parti. Tout juste, on apprendra que l’un d’eux est un travailleur d’origine portugaise. C’est un peu comme si on tirait un boulet rouge mais sans avoir de munition.
Pour le reste, ce titre se concentre surtout sur les relations de travail. On apprendra que ce n’est pas la joie de vivre à la Poste sauf quand il y a une nouvelle qui joue la factrice ce qui aiguise tous les appétits. Franchement pathétique en ce qui me concerne. C’est plutôt une BD pour la France des fainéants. Il n’y a rien de véritablement passionnant car rien n’est construit. On regrettera cette absence de consistance et de direction. C’est une œuvre morose qui s’oublie assez rapidement.
Attention, ne pas la classer dans un thème politique malgré le titre car il n’y a rien. Par contre, c’est un constat plutôt amer sur le monde du travail entre l’hypocrisie et l’aliénation. Bref, cela ne donne pas envie de s’engager professionnellement. Une BD un peu démoralisante.