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447, Everett Scool, voyageur de commerce intersidéral et représentant en peignes, échoue dans les geôles de Babelle, capitale de Prott. Ancienne réserve terrienne d'exceptions culturelles, Prott est divisée en deux. D'un coté les tyroliens, avec à leur tête Siphon Shulss, essaient d'éradiquer les autres formes de cultures, de l'autre un melting-pot de minorités dissidentes refusent de se soumettre à la dictature "Choucroute et salopette". Pour avoir fait exploser par erreur un vaisseau d'accueil à leur arrivée, Everett mérite sûrement la peine de mort. Alors pas question de rester les bras croisés. Accompagné de plusieurs rebelles et de la fille unique du roi Shulss, tombée dans ses bras après s'être pâmée devant ce héros à l'état brut (la banane des 60's, ça pose son homme !), il s'évade direction le désert d'Hélion et va rejoindre, contraint et forcé, le repaire des opposants.
L'auteur abreuve son lecteur d'absurde comme Siphon Shulss gave ses sujets de choucroute. A la différence près que Marion Mousse sait ne pas dépasser la limite et s'arrêter avant la crise de foie. En rayon donc, du délire bien senti, basé sur une parodie du héros de science-fiction classique. Yan Solo n'a qu'à bien se tenir, Everett Scool relifte le genre. De l'interférence lors d'une communication télévisuelle due à une tempête magnétique faisant ressurgir un épisode de Star Strek, au passage par les toilettes aux moments les plus critiques, rien n'est trop stupide pour définir Everett. Couard prêt au sacrifice de la princesse pour sauver sa peau, sauf si l'occasion d'assouvir son appétit sexuel avec autre chose qu'une créature extra-terrestre parasite qui après avoir pompé son hôte, tombe au sol et meurt.
Marion Mousse en profite au passage pour parler de la diversité culturelle et de ses dérives. Les rebelles ont du mal à s'entendre sur autre chose que leur ennemi commun tant les uns et les autres tiennent à leurs particularités. On ne se mélange pas, même pendant la révolution ! Les exemples sont nombreux pour prouver que ce n'est pas simplement un délire d'artiste, une certaine réalité se révélant sans peine. Le message passe d'autant mieux que le ton est léger.
Le propos est accompagné d'un dessin simple et caricatural. Les décors sont souvent rendus à leur plus simple forme : un pupitre avec trois boutons, un rocher en plein désert ou une planète dans un ciel sombre. L'essentiel se passe de sophistication et se trouve dans l'expression et la posture des personnages, éléments indissociables d'un gag ou d'un dialogue tout en contribuant au ton savoureusement drôle. Les scènes de Shulss s'entretenant avec son chambellan sur la docilité du l'ourson "robot" géant de la princesse ou sur ses animaux de compagnie sont un modèle du genre.
Un délire d'auteur à déguster simplement et sans arrières pensées en espérant que le deuxième et dernier tome lèvera le voile sur ce monstre d'Hélion qui terrorise tant le dictateur tyrolien.