Résumé: Prisonnier au camp de Sobibor, Moïse ne sait rien encore ni de son organisation ni de son réel objectif. Parce qu'il a dit être coiffeur à son arrivée avec tous les autres, il est intégré au contingent des juifs au service des officiers nazis. La coiffure, c'est à Paris qu'il l'a apprise, en 1929, après qu'il y ait suivi son frère Salomon en fuite, accusé d'un crime qu'il n'avait pas commis...
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i]Ton optimisme à toutes épreuves m'aurait bien été utile aujourd'hui frérot, car, ce matin, je n'en menais pas large devant l'officier venu me chercher aux aurores. Tu te souviens, je m'étais signalé à la descente du train comme coiffeur de profession. L'heure a sonné pour moi de faire mes preuves. Mes mains et mes ciseaux vont devoir virevolter autour des têtes des gradés allemands et surtout, ne pas faillir sinon, c'est une balle dans la mienne que j'aurais en récompense.
Shabbat shalom avait entamé un très bon début de saga. Dans le deuxième tome, le lecteur retrouve cette aisance dans le voyage entre les différents lieux et époques évoqués, de la sinistre grisaille de Sobibor à la chaude atmosphère d'une salle de cinéma, en passant par les pavés glissants des rues de Paris. Luc Brunschwig a déjà démontré ses talents de conteur. Il instille beaucoup de profondeur dans ses personnages, prenant le temps de construire leur personnalité entre les rebondissements. Ces moments forts, le scénariste sait les mettre en valeur avec une émotion juste. La débrouillardise et l'esprit vif de Salomon, la timidité et l'intelligence de Moïse : l'antagonisme des frangins, loin de les éloigner, participe à leur côté fusionnel. Progressivement, la tension monte, atteignant son sommet dans la dernière planche, terrible.
Etienne Le Roux est un dessinateur efficace. Au delà de sa rapidité d'exécution (14-18: dix tomes en quatre ans !), il sait donner vie à ses protagonistes dans des arrière-plans travaillés et détaillés comme il se doit. Malgré un nombre d'acteurs relativement important, il accorde à chacun une identité graphique propre, sans aucun problème de différentiation. Assisté de Loïc Chevallier aux décors et d'Elvire De Cock pour la couleur, l'artiste emmène, sans effet de manche, l'imagination au plus près de la fratrie malmenée par le destin.
Dans un contexte historique trouble et riche, voici des retrouvailles et des séparations. Tel est le destin des deux Frères Rubinstein, impeccablement mis en images et en mots par un duo bien rodé.Tragique, bouleversante et profondément humaine, leur nouvelle série annonce une grande histoire (prochain épisode annoncé pour le premier semestre 2021).
Les avis
Saigneurdeguerre
Le 19/06/2021 à 19:09:25
Camp de Concentration de Sobibor.
En pleine nuit un officier SS pénètre dans le baraquement de Moïse Rubinstein. Il cherche celui qui se dit « coiffeur ». C’est ainsi que Moïse s’était défini en arrivant dans le camp de concentration. L’officier l’emmène à l’extérieur pour qu’il procède à une rapide toilette, puis il le conduit dans un bâtiment où se trouvent correctement rangés et pliés des tas de vêtements. Moïse doit s’équiper. Il se voit même proposé de choisir un parfum de luxe. Chaque matin, une heure avant les autres, il devra se lever, faire sa toilette s’habiller correctement avant de jouer au coiffeur pour le compte des SS. Voilà le programme ! Oui, mais… Seulement s’il réussi le test qui l’attend puisque le commandant du camp, en personne, va venir tester ses compétences en étant son premier client…
Critique :
Le scénario de Luc BRUNSCHWIG est toujours aussi prenant. Avec, aux dessins Etienne LE ROUX et Loïc CHEVALIER, et à la couleur Elvire DE COCK, nous vivons pleinement les différentes atmosphères dans lesquelles nous embarque ce récit composé d’allers-retours dans le temps et en divers lieux donnant une suite au premier album de la série.
Voilà donc Moïse, l’intellectuel pur et très doué mais peu débrouillard, arrivé à Sobibor. Aussi étonnant que cela puisse paraître, il fut coiffeur à Paris, alors qu’il était en fuite puisque son frère était accusé d’une abomination qu’il n’avait pas commise, mais dénoncé par la volonté d’un témoin indigne qui détestait les juifs et que les autorités ne demandaient qu’à croire sans se soucier de procéder à une enquête.
Moïse est coiffeur chez un professionnel réputé. Là, à la demande de la fille du patron, pour lui être agréable, il va commettre une gaffe qui va l’obliger à fuir ce salon de coiffure (où il oeuvrait et logeait). Pendant ce temps, son frère, Salomon, qui travaillait dans un atelier de confection, en veut terriblement à ses coreligionnaires qui, pour les sauver, l’ont séparé de Moïse dans le but de les dissimuler plus facilement à la police. Par ruse, il retrouve la trace de son frère et s’en vient le rencontrer lorsqu’il le découvre en pleine fuite…
Les péripéties se suivent et montrent le sens de la débrouillardise de Salomon. Mais on en revient encore et toujours à cette accusation qui a entraîné la fuite des frères Rubinstein, et bien d’autres drames, en la personne d’un témoin crucial.
Dans le camp de concentration, les nazis vont se payer la tête de Moïse qui essaie de sauver l’un ou l’autre juif d’une mort certaine à leur arrivée à Sobibor.
Si mon texte vous semble un peu décousu c’est parce que dans l’histoire, il y a des allers-retours perpétuels dans le temps. Le lecteur grapille élément par élément et l’histoire se poursuit toujours aussi prenante avec des dessins et des couleurs dignes des meilleures productions actuelles.
clotairepb
Le 20/12/2020 à 15:00:03
Une saga qui ne laisse pas indifférent avec des personnages plein de valeurs et un graphisme qui met en valeur le synopsis;