D
ans un trou perdu du pays de l'Oncle Sam répondant au nom de Gristlewood Valley, le jeune Trevor va devoir faire des choix qui risquent bien d’influencer à jamais le futur des autochtones. Alors qu’un enfant de son âge devrait s’amuser au milieu des champs qui entourent ce lieu en rupture avec la civilisation, Trevor se préoccupe surtout des sautes d’humeur violentes de son père et de l’avenir qu’il réserve à son frère Will. Enchaîné dans la grange familiale et nourri d’immondices, ce dernier fait partie d’un lourd secret qui sommeille depuis trop longtemps dans l’ombre de ce décor typiquement américain.
D’entrée, la couverture découpée de cet album, laissant apercevoir une silhouette dessinée en première page, intrigue. Derrière cette originalité apparente se cache pourtant une histoire qui repose essentiellement sur les poncifs du genre horrifique. Un bled perdu aux apparences trompeuses et une communauté redneck totalement repliée sur elle-même qui dissimule désespérément ses vices. Une Amérique profonde qui, tout comme dans Missing ou Welcome to Hope, se prête particulièrement bien au développement de récits sombres. Une ambiance rurale du fin fond des States propice au cauchemar et une petite bourgade isolée qui, au fil des pages, distille son lot d'abominations et d’horreurs.
Steve Niles (30 jours de nuit, Criminal Macabre), n’a pas l’habitude de faire dans la dentelle et livre une ambiance oppressante et malsaine et des protagonistes qui préfèrent régler leurs problèmes et différends à coups de fusil. En mettant en scène deux frères à l’amitié touchante et en abordant des thèmes tels que la tolérance et la différence, l’auteur propose cependant un récit plus intimiste qu’à l’accoutumée. Car si Niles utilise à merveille un cadre favorable au drame, il exploite également efficacement le côté isolationniste de ces villageois terrifiés par l’inconnu, ainsi que la complémentarité de deux personnages centraux qui dans leur dissemblance font un peu penser à la Belle et la Bête.
Graphiquement, le travail de Greg Ruth est splendide. Par-dessus de véritables peintures qui mettent en place un décor rural extrêmement réaliste, il distille des flashs de violences et une atmosphère imprégnée de fantastique qu’il nourrit en alternant savamment des couleurs venues soutenir cette intrigue mêlant horreur, surnaturel et réalisme.
Un patelin égaré à éviter et une minisérie regroupée par Semic sous forme d’un one-shot qui saura ravir les amateurs de récits à la trame classique, mais efficace.
La preview
Les avis
Erik67
Le 31/08/2020 à 22:42:27
C'est toujours bon de découvrir de nouveaux auteurs dans un genre qui n'est pas de prédilection. Le graphisme en aquarelle m'a littéralement envoûté par son côté à la fois réaliste et mature.
Pour l'histoire, on a droit à une n-ième version de l'enfant difforme qu'on cache dans une grange dans une ferme isolée d'une vaste campagne. Les habitants sont de véritables boeufs incultes. Heureusement que l'enfance conserve son humanité face à une situation totalement intolérable. La haine ou la honte peuvent aveugler. Les monstres ne sont pas ceux qu'on pense. Bref, des thèmes qu'on connait tous déjà par coeur.
Ce qui fait la différence en l'espèce, c'est à la fois un traitement graphique impeccable ainsi qu'une efficacité dans les scènes. On ne s'ennuie pas une seconde entre drame et horreur. La lecture est très agréable. Elle sera donc conseillée même à l'achat car l'objet est très beau avec un soin particulier pour la couverture qui bénéficie d'un véritable effet d'optique.
john_chance
Le 17/07/2012 à 23:17:29
Album assez incroyable, tant au plan du scénario que du dessin et des idées. Le thème des super héros revisité de façon unique - en dire plus est inutile, l'essentiel est de lire l'album. La fin surtout est extrêmement émouvante. Un chef-d'oeuvre, sans hésitation - et même pour les lecteurs allergiques au super héros.
monsieur burp
Le 23/01/2008 à 21:59:44
Un scénario classique nous entraine dans cette fuite de "rebus de la vie" face à un monde d'incompréhension .
Très peu de couleurs utilisées (marron, rouge). La dominante gris-noire renforce la tragédie. Le dessin de Ruth Greg nous aide fortement à nous immerger dans cette histoire.
Plein d'humanité dans cette bd, ce qui est rare de nos jours. J'ai lu l'histoire d'une traite et l'effet ce fait toujours sentir.
Il ne faut pas hésiter. Vous ne serez pas surpris par l'histoire mais simplement secoué par ces personnages attachants.
Que du bonheur.