«
J’ai insufflé la vie dans un corps inerte ! Mais le résultat est un monstre. »
Frankenstein, jeune étudiante en médecine veut tout connaître et tout comprendre. Dans sa volonté de percer les secrets de l’univers, elle engendre une créature composée des parties de différents cadavres. Horrifiée, l’apprentie-sorcière fuit son laboratoire et laisse sa création à son triste sort. Rejetée par sa « mère » et par la Terre en entier, la bête rêve de vengeance.
Sandra Hernandez fait une entrée magistrale dans le monde du neuvième art en adaptant Frankenstein, le premier roman de Mary Shelley. La trame narrative est respectée ; idem pour la réflexion sur les dérives de la science, l’acceptation de la différence ou encore l’être et le paraître. Deux siècles après la publication du conte de la Britannique, ces questions demeurent d’ailleurs d’actualité. Une variante notable : la protagoniste est une femme, mais pour tout dire, cela ne change pas grand-chose. Certains pourraient tout de même y voir une allégorie de la détresse post-partum, d’autant plus que l’héroïne s’apprête à épouser Henry et qu’à l’époque la marmaille ne se faisait pas attendre très longtemps après le mariage.
Graphiquement, cet album est une splendeur. L’artiste y déploie un style bien à elle ; les vignettes semblent composées par un montage d’éléments superposés, rehaussés de textures joliment rendues par des effets d’éponge. Il n’y a aucune unité graphique dans cette bande dessinée, et c’est fascinant. Certaines cases évoquent le négatif d’une photo, d’autres rappellent les peintures abstraites, symboliques, naturalistes ou impressionnistes. En fait, le projet s’apparente à un exercice de virtuosité artistique ; à la limite, l’œuvre littéraire dont il s’inspire est accessoire.
Un ouvrage impressionnant ne présentant que deux défauts : une couverture banale traduisant mal un contenu qui ne l’est pas et son prix de vente, 25 €.