«
Vous les trouvez où vos idées ? » Cette question est peut-être celle qui est la plus fréquemment posée aux artistes et aux créateurs. L’inspiration, pourquoi cette action ou ce gag plutôt qu’un autre ? C’est également la source de toute angoisse qui se respecte : la peur de la page blanche, de se répéter ou pire, plagier plus ou moins inconsciemment une œuvre déjà existante. Grant Snider a étudié le problème et a pas mal de choses à dire à ce sujet. Il a rassemblé ses observations dans La forme des idées, une exploration aux commencements de la créativité.
Auteur 2.0, Snider a d’abord publié ses strips sur internet où il a acquis une audience importante. Pour le passage au papier, il a organisé ses petites fables par thèmes (ambition, transpiration, improvisation, etc.). Fragments autobiographiques mélangés à des réflexions quasi-philosophiques, ces mini-récits papillonnent avec humour entre témoignages personnels et conseils au débutant. Même si la réflexion ne va jamais très loin, l’accumulation des exemples et la variété des situations rend cette balade au cœur de l’imagination prenante et très sympathique. L’ensemble peine néanmoins à former un tout vraiment cohérent sur la longueur. Tel un dictionnaire de citations, une lecture en mode picorage s’impose pour vraiment savourer les efforts de l’artiste.
Graphiquement, l’approche quasiment minimaliste du dessinateur s’avère totalement adaptée au propos. Les personnages évoluent dans un univers poétique où l’immatériel prend vie – quand il est temps de creuser un sujet, les protagonistes sortent pelles et pioches – tandis que les muses font une apparition pour un café. Fred aurait certainement aimé la liberté de ton et, plus près de nous, Jochen Gerner et Christian Rosset devraient apprécier l’esprit de synthèse du découpage.
Recueil d’aphorismes amusants, volonté sincère d’expliquer l’ineffable, La forme des idées est avant tout une excellente BD pleine de trouvailles narratives pétillantes.