Résumé: À Hoshigahara se trouve une forêt bien mystérieuse, que l'on dit hantée. En réalité, dans cet endroit hors du temps, la magie opère : les animaux parlent et la nature prend des formes surnaturelles. En son sein réside également Sôichi, un jeune garçon extraordinaire aidant les âmes égarées, ainsi que des esprits ayant pris possession des objets de sa maison.
L
es habitants de la forêt d'Hoshigahara se trouvent en fâcheuse posture. Après s'être réfugiée dans un vieux puits, la divinité des vents nommée Brise se laisse convaincre par l'ami des esprits d’en sortir et de le rejoindre, respectant ainsi une vieille promesse. Ce moment d'amour prend rapidement fin, lorsque la forêt est victime d'un terrible incendie dont les responsables veulent nuire à Soichi.
L'intrigue prend une tournure dramatique, sans ne rien perdre de son aspect onirique. L'autrice a axé son récit sur l'idylle entre Soichi et Brise, continuant ainsi à lever le voile sur leurs passés respectifs. Par petits fragments concernant le personnage principal, afin que les otakus en devinent les éléments manquants. Cette subtilité est appréciable. Tout comme le fait d'avoir évité la facilité d'une relation amoureuse par trop ordinaire. En effet, une fois Brise installée et acceptée par les autres compagnons de Soichi, l'apparente harmonie vole en éclats par l'intervention de l'esprit du seuil de la demeure et par celle de Tempête. Ainsi, le dernier chapitre se clôt sur un évènement sinistre, laissant l'ensemble des protagonistes meurtris, à l'instar des bédéphiles à la lecture des planches finales de cet opus.
Graphiquement, le trait d'Iwaoka est un savant mélange de douceur et de réalisme. Le premier terme correspond à l'aspect visuel que la mangaka donne à ses personnages humains ou divins. La rondeur domine, la physionomie en devient agréable. Cela n'empêche en rien le respect des proportions et une approche réaliste dans les nombreuses phases d'actions qui jalonnent ce tome. Ce dernier ne dénote pas des deux premiers concernant les décors. Les paysages sont très réussis, dépassant le simple cadre pour devenir un personnage à part entière, tout en dégageant une atmosphère parfois apaisante ou oppressante. En cela, l'artiste s'inscrit dans une démarche intellectuelle proche de la conception de la nature du courant romantique occidental.
Dans ce troisième volet de La forêt magique de Hoshigahara, Hisae Iwaoka déploie tout son talent afin d'offrir aux lecteurs un récit où le fantastique et la poésie s’entremêlent. Le résultat est saisissant, ce qui rend la série très addictive.