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adette d’une famille marchande de Ferrare, Lisa Rossetti rêve de voyager au loin et collectionne les objets rares venus d’autres contrées. Elle ne manque jamais une occasion de papoter avec des étrangers de passage et s’adresse donc naturellement à Olha, quand elle l’aperçoit, perdue en ville. Originaire de Qirim, la damoiselle cherche un navire en partance pour la Crète dans l’espoir d’y retrouver sa sœur. Aussitôt, Lisa lui propose son aide et projette de l’accompagner, malgré les réticences des siens. Finalement, les nouvelles amies embarquent sur le bateau de Lorenzo, un partenaire commercial des Rossetti. Direction Venise, pour commencer, puis les comptoirs affiliés, si tout va bien.
Dans ce premier tome des Fleurs de la Mer Égée, Akame Hinoshita entraîne le lecteur en Italie et alentours au XVe siècle, à une époque où le commerce méditerranéen est encore florissant. Il promet d’aller visiter les hauts lieux de celui-ci et propose pour cela une balade entre terre et mer qui débute sur la rive occidentale de l’Adriatique, avant de se poursuivre – pour l’instant – sur ses bords orientaux. Le récit démarre assez rapidement, par la rencontre entre les deux figures principales, dont les caractéristiques personnelles et culturelles constituent déjà en elles-mêmes un terrain favorable à l’échange et à la découverte. Puis, il entame la pérégrination maritime à proprement parler, avec une longue escale à Venise, avant d’accoster à Split. Chaque étape du périple des héroïnes est l’occasion de brosser un tableau pittoresque des endroits visités, de quelques coutumes et d’offrir un aperçu des spécialités culinaires locales.
Jusqu’ici, l’aventure se déroule sans heurt et l’action reste sagement cantonnée à des émerveillements, ainsi qu’à quelques négociations. Il n’y a donc rien de rocambolesque ni de trépidant dans ce voyage plutôt calme, cependant, l’ennui reste à l’écart, car les protagonistes possèdent un allant plein de fraîcheur et tout est prétexte à apporter un enseignement enrichissant. Par ailleurs, grâce au travail de documentation effectué en amont, le graphisme restitue de façon convaincante tant les décors, que les vêtements et parures de cette période. Ce qui, en soi, est déjà plaisant. De plus, l’expressivité est également au rendez-vous, tandis que le découpage et la mise en page assurent une certaine dynamique d’ensemble. Enfin, les pages bonus terminant les chapitres, ainsi que des encarts disséminés çà et là apportent des explications bienvenues, qui, sur un ton enjoué, permettent de mieux cerner différents aspects, qu’ils soient géostratégiques ou simplement liés à la mode.
Agréablement mis en image, Les Fleurs de la Mer Égée invite à une croisière dépaysante qui se poursuivra au long de deux autres volumes.